Crash de l'avion azerbaïdjanais: Washington évoque un tir russe, le Kremlin silencieux
Le Kremlin était muré dans le silence samedi face aux soupçons croissants qu'un tir de la défense antiaérienne russe a pu provoquer le crash mercredi d'un avion de ligne azerbaïdjanais, tuant 38 personnes.
Dans la foulée de la catastrophe, plusieurs compagnies aériennes ont annoncé suspendre leurs vols vers des villes russes.
La Maison Blanche a assuré vendredi disposer d'"indications préliminaires qui suggèrent la possibilité que cet avion a été abattu par des systèmes de défense antiaérienne russes", faisant écho à des experts occidentaux qui estiment que les images montrant un fuselage criblé de trous laissaient penser à un tel tir.
Malgré ce faisceau de soupçons, le Kremlin a jugé "inapproprié" samedi de commenter les propos de la présidence américaine, l'enquête des autorités azerbaïdjanaises et kazakhes étant en cours.
- "Une explosion" -
Les autorités russes ont évoqué une attaque de drones ukrainiens contre Grozny, capitale de la Tchétchénie, le jour de la catastrophe, ainsi qu'un épais brouillard. Mais elles n'ont pas expliqué pourquoi l'avion n'a pas été autorisé à atterrir sur un autre aéroport russe et a dû traverser la mer Caspienne.
Trente-huit des 67 personnes à bord de l'appareil ont été tuées lorsque l'avion s'est écrasé et a pris feu.
La compagnie Azerbaïdjan Airlines a indiqué que, selon les premiers éléments de l'enquête, le crash était dû à "une interférence externe, physique et technique".
Le député azerbaïdjanais Rassim Moussabekov a confirmé que la piste d'une "frappe de la défense antiaérienne russe" était examinée, et que les images du fuselage criblé de trous laissaient penser à un tel tir.
Il a appelé la Russie à s'excuser, "punir les coupables et promettre qu'une telle chose ne se reproduirait plus", reprochant à Moscou d'avoir redirigé après l'incident l'avion vers le Kazakhstan, de l'autre côté de la mer Caspienne.
Un passager ayant survécu au crash a lui aussi évoqué une explosion à l'extérieur de l'avion.
"Il y a eu une explosion. C'est sûr. Tout le monde l'a entendu", a confirmé l'un des survivants russes, d'origine tadjike, Soubkhonkoul Rakhimov, à la chaîne de télévision russe RT. Mais "je ne dirais pas que c'était à l'intérieur de l'avion", a-t-il ajouté, précisant que son gilet de sauvetage avait été "percé par un éclat".
Voyant lui une responsabilité "évidente" de la Russie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé à une "enquête approfondie pour établir la vérité".
Depuis la catastrophe, plusieurs compagnies ont indiqué suspendre des vols vers la Russie, sans apporter d'explications précises.
- Vols annulés -
Au Turkménistan, autre pays riverain de la Caspienne, la compagnie Turkmenistan Airlines a annoncé samedi que les "vols réguliers Achkhabad-Moscou-Achkhabad sont annulés du 30/12/2024 au 31/01/2025".
Flydubai a de son côté dit annuler ses vols entre Dubaï et les villes du sud de la Russie, Mineralnye Vody et Sotchi, prévus entre les 27 décembre et 3 janvier.
La compagnie kazakhe Qazaq Air a elle suspendu jusqu'à la fin janvier sa liaison vers Ekaterinbourg, dans l'Oural.
Elles emboîtent le pas à la compagnie israélienne El Al qui avait indiqué dès jeudi suspendre ses vols vers la Russie pour une semaine du fait de la situation "dans l'espace aérien russe".
Le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a salué samedi le travail des secouristes sur le site du crash, 29 personnes ayant survécu.
"Nous avons pu éviter des conséquences beaucoup plus graves et sauver de nombreuses vies", a-t-il dit, selon la présidence kazakhe.
A.Meyers--LiLuX