Convois anti-mesures sanitaires: la police canadienne menace, interdiction à Paris
La police canadienne a menacé pour la première fois de sévir contre les manifestants anti-mesures sanitaires qui bloquent la capitale, tandis qu'en France des rassemblements similaires ont été interdits à Paris et que des heurts ont éclaté en Nouvelle-Zélande entre manifestants et police jeudi.
"Nous vous avisons que quiconque bloque les rues ou aide d'autres personnes à les bloquer pourra être poursuivi" et "est susceptible d'être interpellé", a prévenu la police canadienne, qui a aussi menacé de saisir des véhicules alors que le Premier ministre canadien Justin Trudeau a appelé à mettre un terme à l'occupation des rues d'Ottawa qui dure depuis fin janvier.
Face aux craintes de blocage, en France, où des "convois de la liberté", inspirés du mouvement canadien, sont partis de plusieurs ville pour Paris, la préfecture de police de la capitale a annoncé jeudi qu'ils y seraient interdits.
Ces convois, partis mercredi de Nice (sud-est), Bayonne (sud-ouest) et Perpignan (sud), prévoient de rallier Paris vendredi soir.
Certains appellent ensuite à rejoindre Bruxelles pour une "convergence européenne" prévue le lundi 14 février.
"Un dispositif spécifique sera mis en place (...) pour empêcher les blocages d’axes routiers, verbaliser et interpeller les contrevenants à cette interdiction", a prévenu la préfecture de police parisienne, qui a précisé avoir donné "des consignes de fermeté" aux forces de l'ordre.
- Heurts à Wellington -
En Nouvelle-Zélande, où des manifestants anti-vaccin sont rassemblés depuis trois jours près du Parlement à Wellington, des heurts ont éclaté jeudi entre la police et les manifestants. Plus de 120 personnes ont été arrêtés.
Les forces de l'ordre sont intervenues pour disperser ce rassemblement et en particulier démanteler le campement impromptu installé près du Parlement.
Des centaines de campings-cars et de camions avaient bloqué mardi le quartier du Parlement à Wellington; la plupart sont partis après 24 heures mais un noyau dur est resté, déterminé à s'y maintenir "aussi longtemps que nécessaire".
Les autorités ont fermé l'enceinte du Parlement, ce qui se produit très rarement, pour éviter que les manifestants ne reçoivent de renfort.
Depuis le début du mouvement canadien, 23 arrestations ont eu lieu, avait annoncé la police mardi.
Mais mercredi soir dans les rues d'Ottawa, l'ambiance était toujours à la contestation et à la fête.
"On ne va nulle part", lâche John Deelstra, présent depuis le premier jour de la manifestation, derrière le volant de son camion arborant des pancartes "liberté".
Même rengaine un peu plus loin: Lloyd Brubacher, camionneur originaire de l'Ontario, affirme qu'il compte se "battre jusqu'au bout, peu importe le résultat".
"Au moins je sais que je fais ma part, c'est tout ce que je peux faire... peu importe le temps que ça prendra".
Quelque 400 poids lourds sont toujours installés sur la colline parlementaire et sous les bureaux de Justin Trudeau, sans intention d'en partir.
- "Canal-clé" -
Mais outre les rues de la capitale fédérale Ottawa, les chauffeurs routiers et leurs soutiens veulent frapper l'économie en paralysant certaines voies commerciales essentielles.
Et le blocage, depuis lundi, du pont Ambassador à la frontière avec les Etats-Unis inquiète autorités et milieux économoniques, car si Ottawa est un symbole fort, ce n'est pas une capitale économique.
Ce pont suspendu, qui relie l'Ontario à Detroit, aux Etats-Unis, est crucial pour l'industrie automobile mais aussi pour les hôpitaux américains qui emploient de nombreuses infirmières canadiennes.
"Le blocage met en danger les chaînes d'approvisionnement, l'industrie automobile, parce que ce pont est un canal-clé", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki.
Près de 2,5 millions de camions empruntent le pont Ambassador chaque année. Plus de 25% des marchandises exportées entre les Etats-Unis et le Canada y transitent.
Selon le gouvernement du Canada, près de 5.000 travailleurs d'usines situées à Windsor, ville canadienne nichée près de Detroit, ont été renvoyés chez eux en raison "des actions criminelles" des manifestants.
Les manifestants "enfreignent la loi" a condamné le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino, se disant prêt à envoyer des renforts à la frontière en réponse à l'appel à l'aide du maire de Windsor.
Initialement baptisé "convoi de la liberté", ce mouvement canadien visait à l'origine à protester contre la décision d'obliger les camionneurs à être vaccinés pour franchir la frontière avec les Etats-Unis. Mais il s'est rapidement transformé en mouvement contre les mesures sanitaires dans leur ensemble et contre le gouvernement.
L.Hoffmann--LiLuX