Festival de Cannes: une Palme sur le tapis rouge, la CGT devant le Carlton
La compétition et la contestation sociale: trois films, dont celui du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan, Palme d'or en 2014, sont en lice vendredi à Cannes, où un rassemblement s'est tenu devant le Carlton pour protester contre la réforme des retraites.
Mais c'est à proximité du Palais des festivals qu'a eu lieu un moment de nervosité, lorsqu'un colis suspect a été trouvé vers 13h30 devant l'Office du tourisme, déclenchant une intervention policière et l'instauration d'un périmètre de sécurité qui empêchait les entrées ou sorties du Palais.
Tout danger a finalement été écarté une demi-heure plus tard, ce colis suspect ayant été identifié comme "un bagage oublié par un touriste", a précisé à l'AFP Philippe Loos, secrétaire général de la préfecture des Alpes-Maritimes.
Du côté du Festival à proprement parler, le thème du harcèlement scolaire, déjà au coeur de la trame de "Monster" du Japonais Hirokazu Kore-Eda, projeté en ouverture de la compétition mercredi, est lui aussi déroulé par Ceylan.
Sacré en 2014 avec "Winter Sleep", le successeur de Yilmaz Güney et Serif Gören, seuls autres réalisateurs turcs récompensés de la Palme d'or en 1982 pour "Yol", revient avec un drame qui se déroule en Anatolie et dans lequel un professeur est confronté à des accusations de harcèlement.
A 64 ans, Ceylan est un habitué de la Croisette: Grand prix dès 2003 pour "Uzak", Prix de la mise en scène pour "Les Trois Singes (2008) et un autre Grand prix en 2011 pour "Il était une fois en Anatolie".
- Manifestation -
"The Zone of Interest", de Jonathan Glazer, fondé sur un roman du Britannique Martin Amis paru en 2014, ne manquera lui pas d'alimenter la controverse: ayant pour cadre Auschwitz, l'histoire raconte celle d'un officier nazi qui s'est épris de la femme du commandant du camp d'extermination.
On doit déjà au réalisateur britannique de 58 ans "Under the Skin", sorti en 2013, une adaptation libre d'un roman de science-fiction de Michel Faber, qui met en scène l'actrice américaine Scarlett Johansson en extra-terrestre déguisée en femme fatale.
Egalement vendredi, Kaouther Ben Hania montera les marches pour "Les filles d'Olfa". Avec ce long-métrage, la réalisatrice de 45 ans livre un film "à la lisière de l'essai", selon Thierry Frémaux, délégué général du Festival, sur une Tunisienne confrontée à la disparition de deux de ses quatre filles.
Figure marquante de la nouvelle vague du cinéma maghrébin, Kaouther Ben Hania a réalisé en 2020 "L'Homme qui a vendu sa peau", premier film tunisien sélectionné aux Oscars.
Sur le front social, l'hôtel Carlton, associé depuis toujours au Festival de Cannes et qui a rouvert cette année après trois ans de travaux, a vu sur son parvis se tenir un rassemblement fixe de salariés du secteur de l'hôtellerie, à l'appel de la CGT, pour protester contre la réforme des retraites. Ils étaient une vingtaine selon la préfecture, une trentaine pour le syndicat.
Ce lieu privé n'est pas concerné par l'arrêté préfectoral interdisant toute manifestation sur un périmètre autour de la Croisette.
Sous la pluie, ces manifestants ont brandi une grande banderole indiquant "Retraite: non à la réforme". Ils ont également dénoncé les conditions de travail dans le secteur.
"C'est une mobilisation des salariés des hôtels, cafés et restaurants de Cannes. En choisissant de nous rassembler devant le Carlton, cela nous permet d'avoir de la visibilité sur la Croisette auprès de la population et des festivaliers pour montrer que le Festival, ce n'est pas seulement les paillettes et du +bling-bling+ mais aussi le monde du travail et, sans ces travailleurs, le Festival ne pourrait pas avoir lieu, a déclaré à l’AFP Céline Petit, secrétaire générale adjointe de la CGT des Alpes-Maritimes.
G.Muller--LiLuX