A Prague, Zelensky réclame de l'"honnêteté" dans les relations avec l'Otan
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré jeudi que Kiev voulait de l'"honnêteté" dans ses relations avec l'Otan, à quelques jours d'un sommet crucial de l'Alliance atlantique en Lituanie et au soir d'une frappe russe meurtrière sur Lviv condamnée par l'Unesco.
Volodymyr Zelensky est arrivé à Prague après une visite jeudi en Bulgarie pour discuter de l'adhésion à l'Otan et plaider pour une accélération de la livraison d'armes par ce pays grand producteur de munitions, en pleine contre-offensive de Kiev.
"Nous avons besoin d'honnêteté dans nos relations" avec l'Otan, a affirmé Volodymyr Zelensky devant la presse à Prague, aux côtés du président tchèque Petr Pavel. Il est temps de démontrer "le courage et la force de cette alliance", a-t-il ajouté.
Volodymyr Zelensky a déclaré qu'il voulait que l'Ukraine reçoive un "signal clair" qu'elle rejoindrait l'Otan. "L'Ukraine n'a pas reçu d'invitation sous une forme ou une autre", a dit M. Zelensky. "Je pense qu'il est nécessaire de démontrer la force et l'unité de l'Alliance", a-t-il ajouté.
Les Alliés cherchent encore une ligne commune sur les garanties de sécurité qu'ils sont prêts à accorder à Kiev ainsi que sur l'invitation à l'Ukraine à rejoindre à terme l'Otan.
Concernant la contre-offensive ukrainienne, il a admis qu'elle n'était "pas rapide" mais que les troupes de Kiev avançaient.
"L'offensive n'est pas rapide, c'est un fait", a-t-il reconnu. "Mais néanmoins, nous avançons, nous ne reculons pas, comme les Russes", a assuré à des journalistes le président ukrainien à Prague. "Nous avons maintenant l'initiative".
- Vendredi en Turquie -
Le président ukrainien se rendra également vendredi à Istanbul pour s'entretenir avec le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan, au moment où Moscou menace de se retirer de l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes parrainé par la Turquie.
De son côté, le président bélarusse Alexandre Loukachenko a assuré jeudi que le sulfureux patron du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, se trouvait en Russie, malgré l'accord passé après sa rébellion avortée qui prévoyait qu'il s'exile au Bélarus.
Selon lui, les combattants de Wagner se trouvent eux aussi "dans leurs camps permanents" de l'est de l'Ukraine et non au Bélarus, "pour le moment".
Pendant ce temps sur le terrain en Ukraine, la nuit de mercredi à jeudi a été marquée par une frappe russe sur Lviv, grande ville de l'Ouest rarement ciblée, qui a tué sept personnes, dans l'attaque la plus destructrice sur cette région depuis le début de la guerre, selon les autorités.
"Cette attaque, la première dans une zone protégée par la Convention du patrimoine mondial depuis le début de la guerre le 24 février 2022, est une violation de cette convention" de l'Unesco, a réagi jeudi l'organisation onusienne basée à Paris. Un bâtiment historique classé au Patrimoine de l'Unesco a été touché.
La salve de missiles russes qui a touché Lviv pendant la nuit a endommagé plus de 30 immeubles et d'autres bâtiments, selon les autorités locales.
"Il s'agit de l'attaque la plus destructrice contre la population civile de la région de Lviv depuis le début de la guerre", a relevé sur Telegram le chef de l'administration militaire régionale, Maksym Kozytsky.
Au moins sept personnes ont été tuées et plus de 30 blessées, selon le ministère de l'Intérieur.
"Je me suis réveillée à cause de la première explosion, mais nous n'avons pas eu le temps de quitter l'appartement. Il y a eu une deuxième explosion, le plafond a commencé à tomber", a raconté à l'AFP Olya, une habitante.
- "Ma mère est morte" -
"Ma mère est morte, mes voisins sont morts. A ce stade, il semble que je sois la seule à avoir survécu au quatrième étage", a-t-elle ajouté.
L'armée russe a assuré avoir ciblé des sites de "déploiement temporaire" de soldats ukrainiens. "Toutes les installations désignées ont été touchées", a affirmé le ministère de la Défense.
Près d'un mois après le début de la contre-offensive visant à bouter les forces russes hors du territoire national, l'état-major ukrainien a revendiqué des avancées "dans certains endroits" autour de la ville dévastée de Bakhmout.
A la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par l'armée russe dans le sud de l'Ukraine, les "tensions diminuent", a en revanche signalé jeudi Natalia Goumeniouk, porte-parole de l'armée ukrainienne pour le front Sud.
Moscou et Kiev s'accusaient depuis plusieurs jours d'une provocation imminente dans cette centrale nucléaire, la plus grande d'Europe.
H.Wagner--LiLuX