Cinq choses à redécouvrir sur Notre-Dame de Paris
A quatre jours de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ravagée par un incendie le 15 avril 2019, voici cinq choses à redécouvrir sur ce monument national.
- Maurice de Sully, le premier bâtisseur -
Maurice de Sully veut élever la plus grande cathédrale du monde occidental: c'est le projet fou d'un homme né paysan et devenu évêque de Paris en 1160. Il n'est pas d'une grande famille mais il a l'appui du roi, Louis VII le Pieux, avec qui il a étudié à l'école cathédrale de Paris.
Le XIIe siècle est une période de conquête pour la chrétienté fragilisée par des hérésies, des schismes... Il faut exalter la puissance de l'Eglise, décrète ce grand prédicateur. La cathédrale, construite après quatre autres églises sur l'île de la Cité, sera alors, selon ses plans, la plus grande et la plus haute jamais érigée. Elle aura des tours, une flèche avec un coq au bout pour réveiller les chrétiens endormis.
La tradition date la pose de la première pierre en 1163. Maurice de Sully, disparu en 1196, n'était pas près de voir la fin du chantier estimée en 1345.
- Entrepôt de vin -
A la Révolution française, la cathédrale devient propriété de l'Etat. Un "Te Deum" y est entonné le 25 septembre 1792 pour célébrer l'avènement de la République.
Avec l'abolition du culte catholique en 1793, Notre-Dame devient un "temple de la Raison" avec son autel dédié à la déesse Raison. Les statues des rois et des saints de la façade sont décapitées ou débitées en morceaux éparpillés aux quatre coins de Paris.
Robespierre fait voter en 1794 l'existence d'un "Etre suprême" dont le culte se passe des édifices religieux. Les fêtes sont célébrées dehors.
Abandonnée et décatie, la cathédrale devient un dépôt de vin pour l'armée.
- Napoléon y fut sacré -
Pour son sacre, Napoléon choisit Notre-Dame, une première pour un souverain français. Avant lui, seul Henri VI d'Angleterre y fut sacré roi de France en 1431.
Il faut restaurer hâtivement la cathédrale. Des Parisiens sont expropriés et leurs maisons détruites pour dégager une grande place où sont élevées des tribunes.
Le bâtiment est blanchi à la chaux. A l'intérieur, sont accrochées sur les sols, les plafonds et les murs, des tentures parsemées des armoiries et des insignes de l'Empire. Elles empêchent la lumière naturelle d'entrer.
Trois rangs de tribunes sont installés autour de la nef et du choeur; un trône impérial, surmonté d'un dais, est accessible par un escalier de 24 marches couvertes d'un tapis bleu et un trône est élevé pour le pape Pie VII pratiquement ravalé au rang de témoin de l'auto-couronnement de Napoléon.
La cérémonie immortalisée par le peintre David dure trois heures dans le froid glacial du 2 décembre 1804.
- Sauvée par un roman -
Lorsque le roman "Notre-Dame de Paris" paraît en 1831, l'opinion réalise l'état de décrépitude du joyau gothique. Révolution, pillages, incendies.... le vaisseau de pierre n'est plus que l'ombre de lui-même. Les autorités songent même à l'abattre.
"Il est difficile de ne pas soupirer, de ne pas s'indigner devant des dégradations, des mutilations sans nombre que simultanément le temps et les hommes ont fait subir au vénérable monument", écrit Victor Hugo.
Sous sa plume, une émotion collective naît pour cette église personnifiée en une femme au corps de chaire et de pierre.
Le succès du livre est à l'origine de la création en 1834 du service des monuments historiques qui nommera Eugène Viollet-le-Duc comme architecte chargé de sa rénovation. Le chantier durera plus de 20 ans et confèrera à la cathédrale l'aspect qu'on lui connaissait avant le drame de 2019.
- Des chimères pas si médiévales -
Si les gargouilles qui ornent les gouttières de Notre-Dame datent du Moyen-Age, les chimères, elles, ont été ajoutées par Viollet-le-Duc.
Singe, homme sauvage, dragon, pélican... Ces créatures fantastiques inspirées des caricatures d'Honoré Daumier observent Paris de leur oeil mauvais depuis la balustrade supérieure. L'une d'elles, le Stryge, sorte de vampire ailé, cornu et tirant la langue, devient un symbole de la ville.
Ces chimères sont aussi le reflet du regain d'intérêt pour le Moyen-Age. Le pays est en pleine révolution industrielle mais l'architecte reprend des techniques de construction médiévales et crée de nouveaux éléments comme ces chimères et la flèche qui disparaît dans l'incendie de 2019.
Le 23 juin dernier, les chimères ont retrouvé leur place. Cinq d'entre elles avaient été détériorées par les flammes. La flèche a elle été reconstituée à l'identique.
G.Grethen--LiLuX