Les Oscars s'excusent auprès de l'actrice amérindienne qui avait refusé une statuette au nom de Marlon Brando
Presque 50 ans après avoir été huée sur la scène des Oscars pour avoir refusé, au nom de Marlon Brando, une récompense en protestation contre le traitement par Hollywood des Amérindiens, Sacheen Littlefeather a reçu des excuses de la part de l'Académie des arts et des sciences du cinéma, a annoncé lundi l'organisation.
L'actrice et militante Sacheen Littlefeather, qui est Apache et Yaqui, avait été conspuée lors de la cérémonie de 1973 alors qu'elle expliquait pourquoi Marlon Brando, qui n'était pas venu, ne pouvait accepter son Oscar du meilleur acteur pour "Le Parrain".
Elle avait plus tard affirmé que des agents de sécurité avaient dû empêcher John Wayne, la star des westerns, de l'agresser physiquement.
"Les insultes que vous avez subies à cause de cette déclaration étaient déplacées et injustifiées", dit le courrier envoyé en juin par le président de l'époque de l'Académie, David Rubin. "Le fardeau émotionnel que vous avez porté et le coût pour votre propre carrière dans notre industrie sont irréparables".
"Pendant trop longtemps, le courage dont vous avez fait preuve n'a pas été reconnu. Pour cela, nous vous présentons à la fois nos plus sincères excuses et (nous vous faisons part de) notre sincère admiration".
L'Académie a publié cette lettre au moment où elle annonçait que Sacheen Littlefeather était invitée à s'exprimer au musée des Oscars à Los Angeles le 17 septembre.
"Nous, les Indiens, sommes des gens très patients - cela ne fait que 50 ans!" a réagi Sacheen Littlefeather, 75 ans aujourd'hui, dans un communiqué.
"Nous devons garder notre sens de l'humour à ce sujet, tout le temps. C'est notre moyen de survie", a-t-elle ajouté. "Cela fait chaud au coeur de voir à quel point tant de choses ont changé depuis que je n'ai pas accepté l'Oscar il y a 50 ans".
Le musée, qui a ouvert en septembre dernier, s'était engagé à faire face à "l'histoire problématique" de l'industrie du cinéma, qu'il s'agisse du racisme qui entachait "Autant en emporte le vent" ou des récentes controverses sur la faible représentation des femmes et de minorités. Il aborde déjà l'accueil fait à Sacheen Littlefeather ce fameux soir de 1973.
R.Schiltz--LiLuX