Vote en Suisse sur la publicité contre le tabac et les tests sur les animaux
Les Suisses sont appelés dimanche à se prononcer sur une interdiction de la publicité sur le tabac ainsi que sur une interdiction des tests sur les animaux et les humains.
Selon les sondages, seule l'initiative sur le tabac pourrait passer la rampe (63%), même si le camp du non est monté en puissance pendant la campagne, selon l'enquête menée par l'institut gfs.bern. La majorité des cantons est également nécessaire.
Le pays alpin, où environ une personne sur quatre fume, a une législation très permissive dans ce domaine, notamment en raison du très fort lobbying des plus grands cigarettiers du monde, qui y ont leur siège.
Pour le Conseil fédéral (gouvernement) et le Parlement, l'initiative "va trop loin et constituerait une grave atteinte à la liberté du commerce".
En Suisse, la publicité pour le tabac est interdite lorsqu'elle s'adresse spécifiquement aux mineurs, ainsi qu'à la radio et à la télévision.
L'initiative veut interdire toute publicité pour le tabac là où des enfants ou des adolescents peuvent la voir, par exemple dans la presse, sur des affiches ou internet, au cinéma ou lors de manifestations. Les mêmes règles s'appliqueraient à la cigarette électronique.
La publicité qui ne cible que les adultes, par exemple dans les courriels, resterait admise.
- 30 ans après -
La cause animale a pris son envol ces dernières années, mais les Suisses devraient rejeter l'initiative visant à interdire les tests sur les animaux et les humains, ainsi que l'importation de nouveaux médicaments développés par ces biais.
Les Suisses ont rejeté trois initiatives sur ce thème, en 1985 (à 70%), 1992 (à 56%) et 1993 (à 72%).
Même la Protection Suisse des Animaux a déploré les "exigences radicales" de la nouvelle initiative. De son côté, la Ligue Suisse contre l'expérimentation animale se montre "en accord avec le texte", mais avec des critiques: une interdiction "sans un réel développement des alternatives, avec un soutien financier, des incitations, ou encore la formation des chercheurs et chercheuses, n'est pas pertinente".
Aucun parti ne soutient l'interdiction, qui, selon le gouvernement, aurait des conséquences graves en matière de santé mais aussi pour l'économie, dans un pays où le secteur de la chimie et de la pharmacie représente un peu plus de la moitié des exportations.
Selon les autorités, la législation suisse est l'une des plus strictes au monde en matière d'expérimentation animale, incluant une interdiction des tests pour les produits cosmétiques.
En médecine, les chercheurs sont tenus d'appliquer le principe des 3R (Replace, Reduce, Refine) qui exige que les essais sur les animaux ne soient autorisés que si aucune méthode alternative n'existe, que le nombre d'animaux soit limité au minimum nécessaire et que les contraintes imposées aux bêtes soient les plus faibles possibles.
"Avec cette approche dite des 3R, nous avons constaté une réduction de plus de 70% des tests sur les animaux, qui sont utilisés uniquement en cas d'absolue nécessité", a souligné le directeur général du laboratoire suisse Novartis, Vas Narasimhan.
"Mais il est absolument essentiel pour l'industrie ici en Suisse, et aussi pour les patients en Suisse afin qu'ils puissent accéder aux médicaments dont ils ont besoin, que nous puissions mener -lorsque cela est approprié et nécessaire- des recherches sur les animaux", a-t-il indiqué.
Le nombre d'animaux utilisés en Suisse est passé de près de 2 millions par an au début des années 1980 à près de 560.000. Quelque 20.000 d'entre eux ont subi une contrainte sévère, comme l'implantation d'une tumeur, selon les autorités fédérales.
Dimanche, les habitants du petit canton de Bâle-Ville devront aussi décider s'ils acceptent d'accorder des droits fondamentaux aux primates.
Au niveau fédéral, les Suisses doivent également dire s'ils acceptent la nouvelle loi qui prévoit des mesures supplémentaires de soutien en faveur des médias, face à la chute des recettes publicitaires. Un "non" se dessine toutefois, selon les sondages.
Les opposants à la loi dénoncent un "pillage des caisses" publiques qui rend les médias dépendants de l'État et qui va profiter aux grands groupes de presse.
G.Muller--LiLuX