Bayrou va consulter les forces politiques, sur fond de cyclone meurtrier à Mayotte
François Bayrou recevra à compter de lundi les forces politiques, en quête d'une solution viable pour former un gouvernement à même de faire passer, sans majorité, un projet de budget, sur fond de cyclone meurtrier à Mayotte, sa première crise d'urgence.
Le nouveau Premier ministre , allié de long date d'Emmanuel Macron, qui compte être "un Premier ministre de plein exercice et de complémentarité" avec le président, devrait revoir le chef de l'Etat dimanche soir, a appris l'AFP auprès de l'entourage de M. Bayrou.
Emmanuel Macron avait hésité toute la matinée de vendredi à le nommer à Matignon et leur avant-dernier entretien avait été houleux, François Bayrou menaçant de quitter le bloc central.
M. Bayrou doit désormais rapidement constituer une équipe gouvernementale qui puisse porter un projet de loi de finances pour 2025, le dernier ayant été gelé par la censure du précédent gouvernement.
Il a reçu le soir de sa nomination vendredi, le ministre de l'Intérieur sortant Les Républicains Bruno Retailleau, à qui il a laissé le pilotage de la crise à Mayotte, où un cyclone dévastateur aurait fait plusieurs centaines voire milliers de morts, comme un gage de son maintien au gouvernement.
Mais la gauche se montre réticente au maintien de ce ministre clivant, ou du moins s'il compte présenter une nouvelle loi immigration reprenant les articles censurés par le Conseil constitutionnel dans la précédente.
A l'inverse le président Les Républicains du Sénat Gérard Larcher a plaidé pour que soit reconduit son collègue de parti, ancien pilier de la Chambre haute.
- Le RN d'abord -
François Bayrou n'a pas l'intention de batailler sur les postes régaliens, qui relèvent du domaine dit "réservé" du président, selon une source gouvernementale.
D'autant que son parti le MoDem est déjà représenté au ministère des Affaires étrangères avec Jean-Noël Barrot. Reste à savoir si Sébastien Lecornu, un fidèle qu'Emmanuel Macron a hésité à nommer à Matignon, souhaite rempiler à son poste.
Le nouveau Premier ministre a reçu également dimanche le ministre sortant du Budget Laurent Saint-Martin, avant l'examen par les députés lundi du projet de la loi spéciale qui permet, en l'absence de budget, de lever les impôts, dépenser des crédits sur la base du précédent budget (2024), et d'autoriser l'Etat et la Sécurité sociale à emprunter.
Il s'était aussi entretenu samedi avec le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et le président la Cour des comptes Pierre Moscovici, après une dégradation de la note de la France par l'agence Moody's qui redoute que la "fragmentation politique" du pays soit peu propice au rétablissement rapide des finances publiques..
Autant de profils possibles pour Bercy, comme celui aussi de Roland Lescure, ex ministre de l'Industrie, dont le nom avait circulé pour Matignon.
François Bayrou aurait aussi l'ambition de faire entrer des socialistes dans son équipe, mais ces derniers menacent d'exclure tout prétendant.
Équilibres gouvernementaux et budget 2025 seront donc au cœur des entretiens que M. Bayrou tiendra lundi et mardi avec les groupes parlementaires, qui seront reçus "par leur ordre d'importance" numérique à l'Assemblée nationale.
A commencer lundi à 09H00 par la présidente du groupe des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, qui représente 124 élus, et le président du parti, Jordan Bardella.
Ces derniers avaient déploré ne pas avoir été reçus assez tôt par l'ancien Premier ministre Michel Barnier, qui lui-même avait assuré avoir proposé de les recevoir dès son arrivée.
- Refus de LFI -
M. Bayrou, qui a tenu à appeler personnellement chaque chef de groupe, s'entretiendra ensuite avec Gabriel Attal, qui est à la fois le chef de file des députés macronistes Ensemble pour la République (EPR, 93 élus), et le président du parti Renaissance.
Suivront les représentants du Parti socialiste et de la droite, avant les autres groupes mardi.
La France insoumise refuse pour l'instant de le rencontrer, a annoncé la cheffe de file des députés Mathilde Panot, par "crainte" selon Jean-Luc Mélenchon "que tout ça soit à nouveau une comédie".
La gauche et l'extrême droite, qui ont censuré ensemble le gouvernement de Michel Barnier, ont exprimé à nouveau leurs positions dimanche, le PS continuant à se dire ouvert à des discussions.
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure a dit espérer un "changement de cap, aussi minime soit-il".
L'ancien président François Hollande a lui jugé que la question d'une abrogation de la réforme des retraites se poserait de nouveau "en 2027" mais il pris ses distances avec la demande du PS, du PCF et des écologistes que le gouvernement renonce au 49.3 en échange d'une non-censure.
Dans l'Eure dimanche Marine Le Pen a fustigé une "méprisable coalition des contraires, prêts à tout pour s'attribuer des postes ministériels", sans regretter "un seul instant" la censure.
G.Muller--LiLuX