L'armée soudanaise dit être entrée dans une ville clé tenue par les paramilitaires
L'armée soudanaise a annoncé avoir lancé samedi, avec des groupes alliés, une offensive sur Wad Madani et pénétré dans cette ville clé du centre du pays, aux mains des paramilitaires depuis plus d'un an.
Cette percée survient alors que les agences de l'ONU et ONG s'alarment régulièrement de la situation humanitaire dans le pays, où la guerre entre l'armée et les Forces de soutien rapide (FSR) fait rage depuis avril 2023.
Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux par l'armée montre des combattants affirmant être à l'intérieur de la ville. Les images semblent avoir été tournées sur le côté ouest du pont Hantoub, dans le nord de Wad Madani.
Le bureau du ministre soudanais de l'Information, Khalid al-Aiser, a indiqué dans un communiqué que l'armée avait "libéré" la ville.
L'AFP n'a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante la situation sur le terrain en raison d'une coupure des communications depuis des mois.
"L'armée et les combattants alliés se sont déployés dans les rues de la ville", a déclaré à l'AFP un témoin depuis sa maison dans le centre de Wad Madani, qui a requis l'anonymat pour sa sécurité.
Le ministère des Affaires étrangères a salué une "grande victoire", affirmant que l'armée avait reconquis Wad Madani.
L'armée a cependant souligné samedi que ses forces travaillaient à "nettoyer les restes de la présence des rebelles dans la ville".
- Fin de la "tyrannie" -
Au cours des premiers mois de la guerre entre l'armée et les FSR, plus d'un demi-million de personnes avaient trouvé refuge dans l'Etat d'Al-Jazira, une importante région agricole, naguère considérée comme le grenier à blé du Soudan.
Mais les paramilitaires y avaient lancé une offensive éclair en décembre 2023, prenant Wad Madani et déplaçant à nouveau plus de 300.000 personnes, selon les Nations unies.
Les FSR contrôlent toujours le reste d'Al-Jazira, ainsi que presque toute la vaste région du Darfour, dans l'ouest du Soudan, et des zones du sud du pays.
L'armée a la main sur le nord et l'est du pays, ainsi que certaines parties de la capitale Khartoum.
Le Comité local de résistance, l'un des centaines de groupes de bénévoles pro-démocratie créés à travers le pays pour coordonner l'aide sur le terrain, a vu dans l'avancée de samedi la fin de "la tyrannie" des FSR.
Dans plusieurs villes du pays contrôlées par l'armée, des témoins ont rapporté que des dizaines de personnes étaient descendues dans les rues pour fêter cette avancée.
Dans une zone contrôlée par l'armée à Omdourman, une ville collée à Khartoum et située à 200 kilomètres au nord de Wad Madani, des habitants ont scandé "une armée, un peuple", selon un témoin qui a requis l'anonymat pour des raisons de sécurité.
L'armée et les FSR ont toutes deux été accusées de crimes de guerre, notamment de cibler des civils et de bombarder sans discernement des zones d'habitations.
Washington a formellement accusé mardi les FSR d'avoir commis un "génocide" au Soudan.
La guerre a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et poussé le pays au bord de la famine.
L'ONU a décrit la situation au Soudan comme la plus grande crise de déplacement de population au monde et l'une des pires crises humanitaires de mémoire récente.
Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a indiqué cette semaine que 3,2 millions d'enfants de moins de cinq ans risquaient de souffrir de malnutrition aigüe en 2025.
U.Kremev--LiLuX