Trois otages du Hamas libérées au premier jour de trêve à Gaza
Trois otages libérées par le Hamas ont retrouvé dimanche leurs familles en Israël, au premier jour du cessez-le-feu entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien dans la bande de Gaza dévastée par plus de 15 mois de guerre.
Passé minuit (22H00 GMT dimanche), aucune annonce n'avait été faite concernant les dizaines de prisonniers palestiniens qui devaient être libérés dimanche par Israël en échange des trois otages, selon les termes de l'accord.
La trêve est entrée en vigueur à 09H15 GMT avec près de trois heures de retard, le Hamas ayant tardé à fournir la liste des trois otages israéliennes devant être libérées dimanche. Le mouvement a fait état de "complications sur le terrain" et de "la poursuite des bombardements".
En fin d'après-midi, un dirigeant du Hamas à déclaré à l'AFP que "les trois otages" avaient été "remises au Comité international de la Croix-Rouge" à Gaza-ville (nord), puis l'armée israélienne a confirmé leur arrivée en Israël.
"C'est un moment de très grande émotion", a déclaré Daniel Hagari, porte-parole de l'armée, précisant qu'"entre trois et quatre femmes enlevées" seraient "libérées chaque semaine".
Un haut responsable du Hamas a ensuite indiqué à l'AFP que la prochaine libération aurait lieu "samedi prochain".
Pendant ce temps, dans la bande de Gaza, des milliers de déplacés palestiniens ont pris la route au milieu d'un paysage apocalyptique pour rentrer chez eux.
"Nous n'avons même pas pu trouver l'emplacement exact de nos maisons" en raison de "l'ampleur des destructions", s'est désolée à Rafah (nord) Maria Gad El Haq, qui fait partie des 2,4 millions de Palestiniens dont la majorité a été déplacée par la guerre.
L'entrée en vigueur de l'accord, qui intervient à la veille du retour à la Maison Blanche de Donald Trump, nourrit l'espoir d'une paix durable dans le territoire palestinien, même si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu qu'Israël se réservait "le droit de reprendre la guerre si besoin".
Quelques minutes après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, qui prévoit également une augmentation de l'aide humanitaire à Gaza, l'ONU a annoncé l'arrivée des premiers camions d'aide.
- "Douleurs" -
Entre le début prévu de la trêve et son entrée en vigueur, Israël a mené des frappes à Gaza qui ont tué huit Palestiniens, selon la Défense civile locale.
Annoncé mercredi par les médiateurs --Qatar, Etats-Unis, Egypte--, l'accord ambitionne à terme, selon Doha, de déboucher sur la "fin définitive" de la guerre.
Le président américain Joe Biden s'est félicité du cessez-le-feu "après tant de douleurs".
Selon les termes de l'accord, les hostilités doivent cesser et 33 otages israéliens doivent être libérés dans une première phase de six semaines.
En échange, les autorités israéliennes ont dit qu'elles libéreraient dans ce délai quelque 1.900 Palestiniens, dont 90 devaient l'être dès dimanche, selon le Hamas.
Pendant ce temps, des dizaines de Palestiniens se sont rassemblés devant la prison israélienne d'Ofer, en Cisjordanie occupée, malgré le froid piquant de la nuit.
L'accord de trêve précise également que 236 Palestiniens condamnés à perpétuité pour avoir commis ou participé à des attaques ou attentats et devant être libérés dans le cadre de l'échange, seront exilés, essentiellement vers le Qatar ou la Turquie.
- "Etat stable" -
Les trois jeunes femmes libérées dimanche ont "traversé l'enfer" après 471 jours de captivité, a réagi M. Netanyahu à leur arrivée en Israël.
Réunies, leurs familles criaient, sautaient de joie et pleuraient en voyant leurs proches rentrer au pays, selon des images de l'armée.
Les mères des ex-otages ont ensuite été réunies avec leurs filles. L'armée a publié une photo d'Emily Damari, souriant et posant la main bandée avec sa mère.
Elles ont ensuite été transférées à l'hôpital Sheba, près de Tel-Aviv, qui a indiqué qu'elles étaient "dans un état stable".
"Voir les otages retrouver leurs familles remplit nos coeurs d'espoir", a commenté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Sur la "place des Otages" à Tel-Aviv, des milliers de personnes ont accueilli leur retour avec larmes, chants, applaudissements et étreintes.
- "Obstacles" -
Selon l'Egypte, l'accord prévoit "l'entrée de 600 camions d'aide par jour". D'après un responsable égyptien, "260 camions d'aide et 16 de carburant" étaient entrés en fin de journée dimanche.
"Nous essayons d'atteindre un million de personnes dans les plus brefs délais", a déclaré à l'AFP Carl Skau, directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial.
Pendant la première phase de la trêve seront négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers otages, avant la dernière étape portant sur la reconstruction de Gaza et la restitution des corps des otages morts en captivité.
Selon Joe Biden, la première phase comprend aussi un retrait israélien des zones densément peuplées à Gaza.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 91 restent otages à Gaza, dont 34 mortes selon l'armée israélienne.
Au moins 46.913 morts personnes, majoritairement des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne de représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.
M.Kieffer--LiLuX