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Trump qualifie Zelensky de "dictateur", Poutine se félicite du dialogue russo-américain
Donald Trump a continué mercredi ses vives critiques envers Volodymyr Zelensky, le dépeignant en "dictateur", après avoir été accusé par le président ukrainien de vivre dans "un espace de désinformation" russe.
Les deux chefs d'Etat de pays considérés comme alliés ont échangé ces attaques personnelles inédites au lendemain des discussions russo-américaines en Arabie saoudite, les premières au niveau des chefs des diplomaties des Etats-Unis et de la Russie depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.
"Dictateur sans élections, Zelensky devrait se dépêcher ou il ne va pas lui rester de pays", a déclaré Donald Trump sur sa plateforme Truth Social. "J'adore l'Ukraine, mais Zelensky a fait un boulot épouvantable", a-t-il ajouté.
Le mandat du président ukrainien, élu en 2019, aurait dû expirer en mai 2024, mais l'Ukraine n'a pas organisé d'élections du fait de la guerre et de la loi martiale, des millions d'Ukrainiens ayant fui à l'étranger et 20% du territoire étant sous occupation russe.
Il est "tout simplement faux et dangereux de nier au président Zelensky sa légitimité démocratique", a réagi le chancelier allemand Olaf Scholz, dont le pays est un autre allié de l'Ukraine.
Au lendemain d'une première salve de critiques de Donald Trump, Volodymyr Zelensky a quant à lui accusé son homologue américain de vivre "dans un espace de désinformation" russe.
Il a aussi estimé que l'administration américaine aidait Vladimir Poutine à "sortir d'années d'isolement", le président russe ayant été traité en paria par les Occidentaux depuis 2022.
Il répondait ainsi aux déclarations de Donald Trump qui a contesté mardi sa légitimité, sa volonté de trouver une issue au conflit et semblé le tenir pour responsable de l'invasion de son pays.
Les propos du président américain ont choqué en Ukraine. "J'ai l'impression que Trump a peur de Poutine", a réagi Ivan Banias, un militaire de 51 ans interrogé par l'AFP à Kiev.
Habitant aussi dans la capitale ukrainienne, Svitlana Oleksandrivna, 65 ans, s'est dite "surprise" par ces déclarations: "Il est si fort (...) et ses récits sont complètement moscovites, comme si le Kremlin lui écrivait tout".
Le chef de la diplomatie russse, Sergueï Lavrov, a de son côté jugé que le président américain avait "l'habitude de parler franchement": "Les personnes comme lui ne cachent généralement pas ce qu'elles pensent d'individus pathétiques comme monsieur Zelensky."
- "Confiance" -
Vladimir Poutine s'est quant à lui félicité de la reprise du dialogue russo-américain, quelques heures après la rencontre entre les chefs des diplomaties russe et américaine, Sergueï Lavrov et Marco Rubio, en Arabie saoudite.
"Sans renforcer le niveau de confiance entre la Russie et les Etats-Unis, il est impossible de résoudre de nombreux problèmes, y compris la crise ukrainienne", a-t-il déclaré.
MM. Rubio et Lavrov sont notamment convenus de négocier sur l'Ukraine, sans convier Kiev ni les Européens, qui craignent un accord dans leur dos et contre leurs intérêts.
"Je rencontrerai avec plaisir Donald (Trump, NDLR) (...). Et je pense que lui aussi", a ajouté Vladimir Poutine, précisant toutefois ne pas pouvoir dire d'ici combien de temps une telle rencontre pourrait être organisée.
Le chef de l'Etat russe a parallèlement accusé les Ukrainiens et les Européens d'être opposés à des pourparlers.
La tâche d'expliciter la position de Washington revient désormais à l'envoyé spécial américain Keith Kellogg, arrivé mercredi à Kiev. Adoptant un ton conciliant, il a déclaré comprendre le besoin de "garanties de sécurité" de l'Ukraine.
- Réunion à Paris -
Donald Trump a de nouveau assuré que les Etats-Unis étaient en train de "négocier avec succès une fin de la guerre avec la Russie". "Une chose que - tout le monde l'admet - seuls +TRUMP+ et l'administration Trump peuvent faire", selon lui.
A contrario, l'Europe "a échoué à apporter la paix", a-t-il dénoncé.
Deux jours après un premier mini-sommet informel à l'Elysée avec sept pays européens, dont le Royaume-uni, le président français Emmanuel Macron a réuni 19 chefs d'Etat et de gouvernement de pays membres de l'UE ou de l'Otan (Norvège, Canada, Islande) en visioconférence mercredi pour tenter de trouver une posture commune sur l'Ukraine et la défense collective.
Parmi les griefs portés contre Kiev, M. Trump a assuré que Washington avait "donné 350 milliards" de dollars à l'Ukraine depuis le début de la guerre, et accusé M. Zelensky de ne pas savoir "où était la moitié de l'argent".
L'Institut économique IfW Kiel chiffre l'aide américaine à 114,2 milliards de dollars depuis 2022.
Sur le terrain, Vladimir Poutine a affirmé mercredi que des "combattants de la 810e brigade" russe avaient traversé pendant la nuit la frontière entre la Russie et l'Ukraine. Des propos qualifiés de "mensonge" par l'Ukraine.
Selon l'agence de presse d'Etat russe Tass, ces troupes venaient de la région russe de Koursk où des combats se déroulent depuis l'été, les forces de Kiev y occupant quelques centaines de kilomètres carrés.
Pour l'armée ukrainienne, une unité russe a bien lancé une attaque en direction de la frontière mais elle a été repoussée: "La tentative a été un échec. Il n'y a aucune raison de paniquer", a-t-elle écrit.
E.Klein--LiLuX