

Pérou : début du procès pour "rébellion" de l'ancien président Pedro Castillo
Le procès de l'ancien président péruvien Pedro Castillo, accusé de "rébellion" pour sa tentative avortée de dissolution du Parlement en 2022, qui avait été suivie de vastes manifestations, s'est ouvert mardi, a constaté l'AFP.
Le 7 décembre 2022, M. Castillo avait annoncé dans un message à la Nation la dissolution du Parlement et la convocation d'une Assemblée constituante. Mais lâché par les institutions et l'armée, il avait été démis de ses fonctions et immédiatement incarcéré.
Le procès de l'ancien instituteur rural âgé de 55 ans, élu en juin 2021 à la tête d'un parti de la gauche radicale, s'est ouvert en sa présence devant un tribunal de la Cour suprême à Lima, jouxtant la prison où il est détenu depuis son arrestation.
Un parquet spécialisé a réclamé en janvier une peine de 34 ans de prison à son encontre. Son procès pourrait durer plusieurs mois. Trois anciens ministres, un ancien conseiller présidentiel et trois officiers de police sont également jugés pour rébellion.
M. Castillo a toujours clamé son innocence lors de multiples audiences : "Je n'ai jamais pris les armes", a-t-il répété, rappelant que son ordre de dissoudre le Parlement n'avait pas été exécuté.
Selon lui, il a été destitué à la faveur d'une prétendue conspiration politique entre les élus de droite majoritaires au Parlement et le parquet qui enquêtait sur lui sur des affaires de corruption présumée.
Il s'agit d'un "cas clair de tentative de coup d'Etat, qui doit être puni avec toute sa rigueur pour qu'il soit clair pour les aspirants dictateurs que cela est fortement sanctionné", a déclaré à l'AFP l'analyste politique Augusto Alvarez Rodrich.
M. Castillo avait été arrêté par la police alors qu'il se rendait avec sa famille à l'ambassade du Mexique à Lima. Depuis, sa femme et ses deux enfants y résident et demandent l'asile.
Destitué après seulement 17 mois à la tête du pays, M. Castillo a été remplacé par sa vice-présidente Dina Boluarte, dont le mandat a été contesté dans la rue par des manifestants pro-Castillo. La répression policière a fait plus de 50 morts, selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH).
M. Castillo est le quatrième ancien président péruvien à se retrouver sur le banc des accusés au cours du dernier quart de siècle pour des délits allant de la corruption aux violations des droits de l'homme.
En seulement huit ans, le Pérou a connu six présidents différents, dans la pire vague d'instabilité politique de son histoire moderne.
P.Ries--LiLuX