Top 14: la journée des derbies ne manque pas de piquant
Castres-Toulouse, Clermont-Brive, Racing 92-Stade français... La 22e journée du Top 14 sera ce week-end truffée de derbies, des confrontations (plus ou moins) locales qui se sont transformées avec l'avènement du professionnalisme tout en gardant un certain "piment".
Il faudra environ deux heures aux Rochelais pour rallier en car samedi les 190 km qui les séparent par la route de la capitale de leur région Nouvelle-Aquitaine, Bordeaux.
Ce choc entre prétendants au titre -- l'UBB est 2e du classement, La Rochelle 4e -- est estampillé "derby de l'Atlantique", même s'il lui manque la patine de l'ancien et la proximité géographique.
"Je n'ai pas l'impression que c'est un derby", reconnaît le pilier rochelais Uini Atonio dans un entretien à l'AFP. "Biarritz-Bayonne, je veux bien, c'est collé. Racing-Stade français, Castres-Toulouse... Mais La Rochelle-Bordeaux, il y a Angoulême, plein de villes entre les deux".
"Mais si c'est un derby pour les supporters, c'est un derby pour nous", se reprend sous sa grosse barbe le joueur du XV de France d'origine néo-zélandaise.
La notion de derby a-t-elle encore un sens dans le rugby professionnel, qui a resserré l'élite, aujourd'hui quasiment réservée aux grandes villes, et vu l'arrivée massive de joueurs étrangers forcément plus détachés des enjeux locaux?
"Le rugby est, plus que le football, susceptible de renforcer un processus d'identification communautaire car c'est le seul sport collectif de combat. Une sorte de guerre ritualisée entre deux équipes représentant des communautés", répond à l'AFP le géographe du sport Jean-Pierre Augustin, pour qui "ce processus fonctionne toujours à différents niveaux".
Le sport ayant horreur du vide, les rivalités historiques de "petite proximité géographique" ont été remplacées par d'autres derbies, presque par nécessité sociale. "Ils vont créer une effervescence, donner du piment à la vie des habitants d'une ville ou d'une région par rapport à une autre", développe le chercheur.
- "Fan Days" -
C'est ce qui a motivé la Ligue nationale de rugby (LNR) à instaurer en 2018 une journée de championnat spéciale, baptisée "Fan Days" et destinée à mettre les supporters à l'honneur en leur proposant derbies et affiches prestigieuses.
Après deux années perturbées par la pandémie de Covid-19, l'édition 2022 verra notamment Toulouse effectuer avec sa batterie d'internationaux les 75 km jusqu'au bouillant stade Pierre-Fabre, où le Castres Olympique n'a plus perdu depuis décembre 2020.
Un derby centenaire, entre l'"ogre" toulousain (3e) et le "petit" voisin tarnais (5e), potentiellement décisif dans la course au top 6, comme le sera dimanche en clôture de la journée celui d'Ile-de-France entre le Racing 92 (7e) et le Stade français (11e), seulement séparés par le périphérique.
Orphelin de son ancien meilleur ennemi corrézien, Tulle, tombé dans les profondeurs fédérales, Brive (12e) ira jouer son maintien et la suprématie du Massif central à 180 km de chez lui, sur le terrain de Clermont (8e), dans l'obligation de s'imposer pour espérer voir les phases finales.
Montpellier (1er) aura de son côté un peu plus de 150 km à parcourir, le long de la Méditerranée, pour aller défendre son fauteuil de leader à Perpignan (13e), qui a encore un mince espoir d'éviter l'avant-dernière place, synonyme de barrage de maintien-relégation.
Même en voyant très large, on ne peut pas vraiment parler de derby entre Lyon (6e) et Toulon (9e), deux équipes aux dynamiques opposées, pas plus qu'entre Biarritz (14e) et Pau (10e).
Les deux villes des Pyrénées-Atlantiques ne sont distantes que de 120 km environ, mais pour le BO, le vrai derby se joue encore plus près, et entre Basques, face à Bayonne. Un antagonisme profond qui, en pays d'Espelette, ne manque lui assurément pas de piment.
X.Welter--LiLuX