Non-lieu pour les rugbymen Jegou et Auradou, accusés de viol en Argentine
Oscar Jegou et Hugo Auradou entrevoient la fin d'un tunnel judiciaire, entamé en juillet au lendemain d'un match de l'équipe de France en Argentine avec l'abandon, mardi, des poursuites pour viol aggravé dont ils étaient accusés par une plaignante rencontrée en boîte de nuit.
Un communiqué du pôle judiciaire de Mendoza (ouest), où la juge Eleonora Arenas a rendu son délibéré de non-lieu, a précisé que "l'acte enquêté ne constitue pas un délit", donc qu'il n'y avait pas eu de viol.
"La juge a dit qu'il n'y avait pas d'infraction parce que l'acte était consenti", a précisé l'avocat principal des joueurs en Argentine, Me Rafael Libarona.
"La réhabilitation judiciaire est acquise", s'est félicité l'avocat parisien des joueurs Me Antoine Vey, "les deux joueurs ont été victimes de fausses accusations".
La défense de la plaignante, qui s'est retirée du pôle judiciaire de Mendoza sans faire de déclaration, a 15 jours ouvrables pour faire appel, ce qui renverrait le dossier vers une autre instance. L'avocate principale de l'accusation, Me Natacha Romano, qui a toujours soutenu que sa cliente avait été victime d'une "violence terrible" et plaidé un "rejet total" du non-lieu, assistait au délibéré en visioconférence.
- "Contradictions notoires, incohérences" -
Auradou et Jegou, 21 ans, étaient poursuivis pour viol aggravé, car commis en réunion dans la nuit du 6 au 7 juillet dans un hôtel de Mendoza où le XV de France venait contre l'Argentine.
Les deux joueurs affirment depuis le début que les relations sexuelles avec la plaignante, une Argentine de 39 ans, étaient consenties, et sans violence, dans une affaire qui a vu s'opposer deux versions radicalement opposées des faits, hormis une convergence sur la réalité d'actes sexuels dans la chambre, et un contexte alcoolisé.
Mais tôt dans le dossier, notamment mi-août en décidant la remise en liberté des deux joueurs placés jusqu'alors une semaine en détention préventive puis près d'un mois assignés à résidence, le parquet avait relevé "des contradictions notoires, incohérences, zones grises" dans le récit de la plaignante. Ce pourquoi le Ministère public avait plaidé pour l'abandon des poursuites début octobre à l'issue de l'instruction.
Selon Me Libarona, frère du ministre de la Justice argentin, "la juge a été catégorique lorsqu'elle a évoqué les contradictions et incohérences de la plaignante".
Jegou et Auradou étaient revenus en France début septembre, après le feu vert de la justice argentine estimant alors que "l'accusation initiale (avait) perdu de sa force". Ils avaient repris le rugby professionnel en octobre pour Auradou avec Pau, et novembre pour Jegou avec La Rochelle.
Ils sont désormais de nouveau "sélectionnables" pour rejouer avec le XV de France, a indiqué mardi la fédération française de rugby. "Ces événements rappellent toutefois la nécessité de créer des conditions nouvelles pour prévenir et éviter les comportements à risques dans le rugby de haut-niveau", a ajouté l'instance.
- "Réhabilitation médiatique" -
"La justice argentine qui a enquêté, qui l'a fait sur la base d'éléments objectifs qui sont des vidéos, des témoignages, des expertises, a pu dire clairement que les faits dont ils ont été accusés n'ont pas existé", a ajouté Me Vey à l'AFP.
"Ce n'est pas un jugement qui est assis sur un doute, c'est un jugement qui assoit une démonstration quant au caractère mensonger des accusations dont ils ont été victimes", a-t-il estimé.
Selon lui, si "la réhabilitation judiciaire des deux joueurs est acquise" il leur faudra se battre "par leur performance sportive et par leur personnalité pour qu'ils arrivent à avoir une totale réhabilitation médiatique".
La décision clôt "une séquence de cinq mois très éprouvante pour le joueur, sa famille, le club et tous les amoureux de notre sport", affirme le club d'Auradou, Pau, dans un communiqué. L'avocate de Jegou et de La Rochelle, Me Celine Astolfe, évoque auprès de l'AFP un "immense soulagement".
Me Natacha Romero s'est tout au long de l'instruction plainte d'une enquête passée à "accuser une victime de mentir", au lieu "d'évaluer ce qui s'est passé entre (les) quatre murs" de la chambre d'hôtel.
Elle a, à plusieurs reprises, accusé la justice provinciale de Mendoza de "partialité", et avait tenté de faire récuser les deux procureurs chargés de l'enquête, puis la juge Arenas.
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E.Winandy--LiLuX