

Mondiaux de snowboard: le retour express de Chloé Trespeuch après son accouchement
"Les années d'expérience ont apporté cette mémoire du corps et de l'esprit": moins de trois mois après avoir donné naissance à Marlo, la Française Chloé Trespeuch effectue un retour express en compétition, et s'aligne aux Mondiaux de snowboardcross à partir de jeudi.
"C'est une grande aventure, où on ne sait pas réellement comment ça va se passer", explique à l'AFP Chloé Trespeuch depuis St. Moritz, en Suisse, où elle visera une deuxième médaille mondiale individuelle en snowboardcross (qualifications jeudi, phase finale vendredi).
"La grossesse, c'est tout nouveau. L'accouchement, l'arrivée du bébé, la nouvelle logistique. Et puis, surtout, il y a très peu d'exemples. Dans ma discipline, il n'y en a pas", ajoute la vice-championne olympique de Pékin en 2022 et médaillée de bronze des JO-2014 à Sotchi (Russie).
En septembre, cinq mois après avoir décroché son premier gros globe de cristal de la discipline grâce à ses sept podiums en 12 courses (dont trois victoires), elle a annoncé être enceinte, avec un terme prévu en janvier.
A 30 ans, elle ne s'imaginait pas forcément remonter sur sa planche en compétition dès cet hiver. "Ca me paraissait hyper court, donc je m'étais plutôt projetée sur décembre (2025), en étant presque inquiète de ne pas avoir assez de temps" pour préparer les JO-2026 de Milan/Cortina à Livigno (Italie).
Elle est toutefois restée active tout au long de sa grossesse, avec comme maître mot "l'adaptation". "C'était une période où j'avais besoin de plus écouter les signaux de mon corps, parce qu'on était deux".
Elle a ainsi tenté "d'optimiser les temps de travail, d'en faire moins, mais plus de qualité", souligne-t-elle.
Le 30 décembre, elle annonce sur son compte Instagram la naissance de son fils Marlo, reprend la marche tranquille et le yoga cinq jours plus tard et la préparation physique une quinzaine de jours après l'accouchement.
- "Etre pleinement les deux" -
"J'ai beaucoup échangé avec Mélina Robert-Michon, Sarah Ourahmoune, Justine Braisaz-Bouchet (également devenues mères en cours de carrière, NDLR). Ca m'a amené beaucoup de sérénité d'avoir leur point de vue, leur témoignage, pour affiner aussi mon projet".
Son retour sur la neige et sa planche s'effectue à la mi-février. Deux semaines plus tard, sentant que son corps répond bien aux efforts, l'idée de refaire une course avant les Mondiaux prend forme. "On voulait vraiment valider le niveau physique et les niveaux de force, pour être sûr qu'on ne prenait pas de risque inutile".
Elle rejoint le groupe français en Coupe du monde à Montafon la semaine dernière, réalise le 15e temps des qualifications le vendredi, ce qui lui permet de disputer les quarts de finale samedi, conclus sur une chute sans gravité.
Avec un corps qui a "énormément changé pendant la grossesse", des interrogations l'ont accompagnée dans son retour. Mais la snowboardeuse de Bourg-Saint-Maurice n'avait "pas du tout envie de choisir entre être athlète ou être maman. J'avais vraiment envie d'être pleinement les deux, sans devoir sacrifier la fin de ma carrière".
"J'ai été agréablement surprise de voir que le travail pendant la grossesse a payé. Malgré le peu de jours sur la neige, les sensations sont très vite revenues, mes réflexes en snowboardcross aussi. Je me suis vraiment rendu compte que les années d'expérience ont apporté cette mémoire du corps et de l'esprit", apprécie-t-elle.
Au sein d'une équipe de France extrêmement dense (Léa Casta et Julia Pereira de Sousa se sont imposées cet hiver, Manon Petit-Lenoir et Maja-Li Iafrate Danielsson sont montées sur le podium), elle décroche son billet pour les Mondiaux, aux côtés de Casta, Pereira de Sousa et Petit-Lenoir.
"Je suis compétitrice, je serai au départ avec les objectifs de performance, aller jouer cette médaille en connaissant évidemment la situation qui est totalement inédite", souligne-t-elle, l'esprit tourné vers le parcours où elle avait pris la troisième place en janvier 2024.
P.Ries--LiLuX