Euro féminin: des Allemandes sans couronne mais pas sans ambitions
Dépossédées de tous leurs titres internationaux, les Allemandes lancent leur reconquête de la planète foot vendredi face au Danemark (21h00) à l'Euro féminin de football, emmenées par une jeune génération biberonnée et émancipée à Wolfsburg et au Bayern Munich.
Dans les années 2000, l'Allemagne a été LA superpuissance du foot chez les femmes, conservant la double couronne mondiale/européenne sur l'ensemble de la décennie (Euro-2001, 2005 et 2009, Mondial-2003 et 2007). Et le titre olympique, qui lui échappait depuis toujours, est finalement tombé dans l'escarcelle de la Mannschaft en 2016 à Rio.
Depuis ? L'emblématique sélectionneuse Sylvia Neid est partie, la succession a été compliquée (Steffi Jones, Horst Hrubesch, puis Martina Voss-Tecklenburg) et sur le terrain, les Allemandes ont dû se contenter de deux quarts de finale, à l'Euro-2017 et au Mondial-2019.
La défaite en France contre la Suède il y a trois ans était aussi synonyme d'élimination dans la course pour les JO-2020 de Tokyo, où elles n'ont même pas pu défendre leur titre olympique.
Mais ce n'est pas pour autant que Martina Voss-Tecklenburg s'envole pour l'Angleterre avec ses filles sans ambition. "Oui, nous allons nous battre pour le titre", clame la sélectionneuse en poste depuis novembre 2018, dans un entretien accordé au SID, agence de presse sportive allemande filiale de l'AFP.
"Si nous rentrons bien dans notre tournoi, je suis convaincue que beaucoup de choses nous sont possibles. Nous serons à nouveau dans la pochette-surprise: je nous crois capables de beaucoup", martèle "MVT".
Les Allemandes devront d'abord se sortir d'un groupe B compliqué avec la Finlande, l'Espagne, fragilisée par le forfait de la star Alexia Putellas (rupture des ligaments croisés du genou gauche), et surtout le Danemark, vice-champion d'Europe en 2017.
- "Joueuses rapides à l'avant" -
Hasard du calendrier, c'est contre ces mêmes Danoises qui les avaient éliminées en quarts du précédent Euro il y a cinq ans (2-1) que l'aventure anglaise débute pour l'Allemagne.
Et dans l'idéal, les coéquipières d'Alexandra Popp aimeraient bien éviter la 2e place du groupe, promise à un très probable quart de finale contre le pays hôte, l'Angleterre, favori de son groupe A avec l'Autriche, la Norvège et l'Irlande du Nord.
"Évidemment, le foot est un sport de résultat, naturellement nous souhaitons obtenir le meilleur résultat. Mais nous savons aussi que nous sommes au milieu d'un processus. Peut-être que la prestation sera bonne mais que le résultat au final ne le sera pas", a nuancé la sélectionneuse.
"Notre objectif sera de stresser chacun de nos adversaires, parce que nous savons que nous disposons de joueuses rapides à l'avant, et nous savons comment les utiliser et comment mettre en place notre jeu de transition", estime Voss-Tecklenburg.
"Pour cela nous avons besoin d'être compact, pour pousser nos adversaires à un désordre. Alors ça sera aussi désagréable contre nous pour les défenses adverses", ajoute la sélectionneuse.
Pour parvenir à redresser la barre, la Mannschaft peut compter sur ses joueuses expérimentées, à commencer par son attaquante de Wolsfburg Alexandra Popp, la plus capée (114 sélections) et la meilleure buteuse en activité de la sélection (53 buts). Mais qui disputera son premier Euro.
C'est également sur ses jeunes pousses qui ont grandi au VfL Wofsburg et au Bayern Munich, les deux meilleurs clubs allemands, que Martina Voss-Tecklenburg a puisé, puisqu'un tiers des 23 sélectionnées sont nées dans les années 2000 et que près de la moitié n'a pas 25 ans.
Deuxième meilleure buteuse de la Ligue des champions 2021-2022, Tabea Wassmuth (25 ans) fait les beaux jours de Wolfsburg, où évolue également la jeune milieu de terrain Lena Oberdorf (20 ans), alors que le Bayern voit éclore Klara Bühl (21 ans), leader de cette génération des années 2000 en devenir.
Y.Erpelding--LiLuX