Tour de France: le grand numéro de Jungels
Auteur d'un grand numéro athlétique, le Luxembourgeois Bob Jungels a remporté en solitaire la 9e étape du Tour de France, encore touché par le Covid, dans un prélude alpestre maîtrisé par le maillot jaune Tadej Pogacar, dimanche, à Châtel.
Pour ce retour en France après l'incursion en Suisse, Jungels a renversé la table pour l'équipe AG2R Citroën, à la peine depuis le départ en raison des difficultés rencontrées par son leader australien Ben O'Connor. Dans un final indécis, il a résisté au retour de Thibaut Pinot, qui a fléchi dans les tout derniers kilomètres.
A la veille de la journée de repos, Pogacar a seulement sprinté dans les derniers hectomètres pour tenter de grignoter quelques secondes à ses rivaux. Son dauphin, le Danois Jonas Vingegaard, l'a suivi et les duettistes ont précédé de trois secondes leurs adversaires pour le classement final.
- Une vague de test anti-covid -
Comme l'ensemble du peloton, ils doivent tous subir dans la soirée un test de dépistage du covid-19. Le coronavirus a provoqué dimanche matin, avant le coup d'envoi de l'étape à Aigle (Suisse), le départ de Guillaume Martin, le troisième coureur en deux jours à devoir quitter le Tour à cause du virus.
Le bilan, avec de possibles autres abandons à l'entrée des Alpes si le coureur positif est contagieux, sera annoncé mardi matin, avant le départ donné à Morzine.
En attendant, Jungels a redonné du baume au coeur à son équipe, malmenée depuis le départ du Danemark. Au lendemain de sa neuvième place à Lausanne, son premier top 10 dans le Tour, il a réussi un coup de maître: 64 kilomètres d'échappée dans une étape qui se terminait par l'ascension d'un col de première catégorie, le Pas de Morgins, prolongée par une courte descente et quatre kilomètres d'une montée finale souvent en faux-plat.
"C'est ma manière de courir", a souligné le Luxembourgeois, qui a gagné aussi en solitaire Liège-Bastogne-Liège 2018, avant de connaître des saisons difficiles. Pour sa première saison sous les couleurs de l'équipe de Vincent Lavenu, il a dû être opéré l'an dernier des deux artères iliaques et a patienté jusqu'à ces dernières semaines pour recouvrer son niveau.
- "Un gros moteur" -
"L'arrivée correspondait à ses qualités athlétiques, Bob est un gros moteur qui peut emmener du braquet", a décrit son directeur sportif Julien Jurdie. De fait, le Luxembourgeois a repoussé l'assaut de Thibaut Pinot lancé à ses trousses à moins de 9 kilomètres du sommet du Pas de Morgins et revenu à une vingtaine de secondes au sommet.
"Le retour de Pinot nous a fait très peur dans le final", a reconnu Vincent Lavenu. "On voyait qu'il était meilleur dans les parties les plus raides".
Mais, en spécialiste du contre-la-montre, Jungels a repris du temps dans le final pour battre finalement de 22 et 26 secondes les Espagnols Jonathan Castroviejo et Carlos Verona, autres membres de l'échappée du jour. Pinot, qui a pu se rassurer après ses deux chutes de samedi, a reculé finalement à la quatrième place de l'étape.
Après neuf jours de course, le Pas de Morgins s'est avéré indigeste pour plusieurs candidats du classement général. Le Russe Aleksandr Vlasov a fléchi et laissé une vingtaine de secondes supplémentaires. Mais le principal perdant du jour est l'un des atouts de l'équipe Ineos: le Colombien Daniel Felipe Martinez a lâché plus d'un quart d'heure et dévissé au classement.
R.Martins--LiLuX