Mondiaux d'athlétisme: Bigot espère passer en force
Le lanceur de marteau Quentin Bigot, vice-champion du monde en 2019, s'appuie sur une progression constante axée sur la force pure pour viser de nouveau le podium des Championnats du monde, samedi à Eugene (Etats-Unis).
Quatrième performeur mondial de la saison, Bigot a battu deux fois son record personnel en 2022 en passant pour la première fois la barrière symbolique des 80 m (80,14 m fin mai puis 80,55 m début juin).
"C'est cocher une case de ma carrière, un rêve, même si je ne veux pas m'arrêter là", a expliqué le lanceur de 29 ans à l'AFP. "J'ai vu ce que je fais à l'entraînement, je peux aller au-delà. Cette distance représente une bonne chance d'être plus régulièrement sur les podiums internationaux."
En 2021, Bigot s'était montré solide sans créer l'exploit en finale olympique à Tokyo (5e avec 79,39 m).
"Je suis simplement sur une continuité, une saison sans aucun pépin, je suis plus fort que l'année dernière. Je me vois encore grappiller, aller chercher 81 m, mais je ne veux pas me mettre de barrières", ajoute le Messin.
- "Je gagne en force" -
Pour progresser, avec son entraîneur Pierre-Jean Vazel, Bigot entend continuer à développer la force pure, son "point faible", lui qui est relativement petit et léger pour un lanceur de marteau de très haut niveau (1,77 m et 105 kg contre au minimum 1,85 m pour ses adversaires).
"Je suis techniquement très juste, on dit parfois dans le milieu que je suis le meilleur technicien mondial. Par contre sur la force, je suis vraiment en dessous de tous mes concurrents. A l'arraché en salle de musculation, je soulève 100 kg, mes concurrents 150. En squat j'ai un maximum à 220, eux à 300", compare-t-il. "Mais la force peut s'acquérir jusqu'à 40, 45 ans sans problème. Tous les ans je gagne en force."
"Mais si tu acquiers un grand niveau de force en très peu de temps, tu peux détruire ta technique", prévient aussi celui qui est toujours conducteur de fret chez Captrain avec un tiers-temps annualisé.
"Si j'y arrive, je n'ai pas de limites à avoir. En 2024 pour les Jeux olympiques de Paris, on aimerait réaliser 83 m dans l'année, ce qui pourrait m'assurer le titre de champion olympique", ambitionne le Lorrain.
A Eugene, Bigot se présente comme l'une des rares solides chances de podium pour l'équipe de France, après avoir rapporté l'une des deux médailles des Mondiaux-2019 à Doha (2e). Il dispute les qualifications vendredi avant la finale samedi.
L'athlète a pu prendre ses repères dans le Hayward Field jeudi, où le plateau de lancer est inhabituellement situé en plein centre de l'enceinte.
"Le plateau est très rapide", apprécie-t-il à propos de la rotation qu'il pourra imprimer.
Son approche de l'événement a été légèrement perturbée par une valise bloquée depuis dix jours à l'aéroport de Roissy, qui contenait notamment deux marteaux d'entraînement. Mais pendant son stage avec l'équipe de France à l'Université de Linfield, entre Portland et Eugene, dans l'Oregon, il a pu récupérer deux engins équivalents auprès d'un ancien lanceur américain de la région.
"C'était ma valise la moins importante", dédramatise-t-il avant son grand rendez-vous de la saison.
J.Faber--LiLuX