Mondiaux d'athlétisme: Rojas au triple, Barshim à la hauteur, double triplé à Eugene
Au pays du "triple-double", performance statistique du basketball, la Vénézuélienne Yulimar Rojas au triple saut et le Qatari Mutaz Essa Barshim au saut en hauteur ont fait un "double triple" en remportant un 3e titre mondial consécutif lundi à Eugene (Oregon).
L'athlétisme, comme la NBA, adore les chiffres, les séries, les records. Deux de ses plus grands champions lui ont offert lundi de quoi rafraîchir ses livres statistiques en étirant leur règne.
Presque en même temps, et à une vingtaine de mètres de distance, Rojas et Barshim ont de nouveau dominé leurs concurrents lors d'une finale mondiale après 2017 à Londres et 2019 à Doha.
Comme à son habitude, la Vénézuélienne n'a pas étiré le suspense, en réussissant dès le 2e saut une performance de 15,47 m (1,9 m/s de vent), la 6e meilleure de tous les temps (cinq sur six lui appartiennent), pour battre la Jamaïcaine Shanieka Ricketts (14,89 m) et l'Américaine Tori Franklin (14,72 m).
La grande athlète (1,92 m) aux cheveux courts teints en blond, spécialiste du show à base de sauts à tomber de sa chaise et de petits pas de danse, a fait frémir la foule avec une tentative mordue a priori proche de son record du monde, établi en mars à Belgrade (15,74 m).
"Le vent a perturbé mon échauffement, je voulais aller plus loin mais je suis heureuse d'être revenue dans ce beau stade. J'espère continuer à enchaîner les titres pour mon pays", a-t-elle déclaré.
A 26 ans, la Vénézuélienne issue d'un milieu défavorisé d'Altavista, un secteur du "barrio" (quartier populaire) de Pozuelos, en banlieue de Puerto La Cruz, archi-domine sa discipline alors qu'elle a déjà remporté deux fois l'or olympique (2016 et 2021).
L'athlète, qui vit et s'entraîne en Espagne sous les ordres du Cubain Ivan Pedroso, regrettera juste de ne pas pouvoir s'aligner également sur le saut en longueur à Eugene, parce que sa performance qualificative réussie en juin avait été invalidée pour des chaussures non conformes.
Pour sa part, Mutaz Essa Barshim a réussi un concours parfait en franchissant toutes ses barres au 1er essai jusqu'à 2,37 m.
Le filiforme Qatari est toutefois resté sous la menace de l'endiablant Sud-Coréen Sanghyeok Woo (argent avec 2,35 m), passé proche de franchir 2,39 m.
Avec son énergie, le champion du monde en salle a conquis la foule de connaisseurs, qui scandait "Woo! Woo! Woo!" à chaque tentative.
Mais Barshim est resté le patron après son titre olympique de 2021, qu'il avait partagé avec l'Italien Gianmarco Tamberi, 4e lundi derrière le médaillé de bronze ukrainien Andriy Protsenko.
D.Marques--LiLuX