Foot: les Girondins de Bordeaux jouent leur avenir devant le CNOSF
Recalé deux fois par le gendarme financier du football français, Bordeaux joue son avenir jeudi (14h00) lors d'une audition devant le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), muni d'une décision de justice que les Girondins espèrent décisive pour être maintenus en Ligue 2.
La troisième tentative sera-t-elle la bonne pour éviter une rétrogradation administrative du club en National (3e division), synonyme à coup sûr de liquidation judiciaire ?
Les Girondins espèrent en tout cas que le CNOSF donnera un avis favorable à leur demande de conciliation, au plus tôt vendredi soir et plus probablement lundi. Auquel cas le dossier serait renvoyé devant le Comité exécutif de la Fédération française (FFF) à qui il appartiendrait de trancher en urgence avant la reprise de la Ligue 2, samedi 30 juillet.
L'espoir fait vivre à Bordeaux, qui se bat depuis des semaines pour éviter la rétrogradation, avec à sa tête le controversé président Gerard Lopez, ultra-présent médiatiquement pour sauver ce monument du foot français, comme il l'avait déjà fait l'été dernier au moment de son rachat du club auprès des anciens actionnaires américains.
Entouré dans sa mission par des avocats, des représentants du monde économique local, soutenu par les élus de la métropole bordelaise et des parlementaires de la Gironde qui ont dénoncé il y a quelques jours "l'arrêt de mort" que risque le club, l'homme d'affaires hispano-luxembourgois a réussi à obtenir mardi un jugement d'homologation de son plan de sauvetage de la part du tribunal de commerce de Bordeaux.
- Dette réduite -
Juridiquement, c'est mieux que l'ordonnance de ce même tribunal délivrée avant le passage début juillet devant la commission d'appel de la DNCG, gendarme financier du foot français: l'instance n'en avait pas tenu compte dans sa décision de maintenir la rétrogradation du club, au grand désarroi des dirigeants bordelais, qui ont allégué nombre "d'erreurs manifestes" dans les motivations de l'organe fédéral.
Ce jugement d'homologation scelle les accords de conciliation conclus entre les Girondins et leurs créanciers américains King Street et Fortress à propos de la dette, qui a été réduite de 75% (de 53 millions à 13,5 millions d'euros), et de la mise sous séquestre de 24 millions d'euros (10 en augmentation de capital, 14 en garantie de ventes de joueurs lors du mercato).
"Le FCGB n'est pas en état de cessation des paiements et les termes de l'accord assurent la pérennité du club dans le cadre de son maintien en Ligue 2, les différentes mesures permettant au club de disposer d'une trésorerie positive jusqu'à juin 2023", indique le tribunal.
Cette homologation doit permettre de lever "les dernières incompréhensions exprimées jusqu'ici par les instances du football. Nous sommes confiants pour la suite", précisait mardi soir le directeur général délégué Thomas Jacquemier.
Reste à savoir comment les conciliateurs du CNOSF, qui doivent donner leur avis consultatif vendredi soir ou en début de semaine prochaine, puis le "Comex" de la FFF si cet avis est favorable, vont percevoir cette pièce ajoutée au dossier. Est-elle menacée d'irrecevabilité ?
- "Que justice soit faite" -
Car si on se réfère à l'article 5 du règlement de la DNCG, "tout document et/ou engagement nouveau que le club appelant voudrait présenter devra être impérativement produit au plus tard lors de son audition devant la commission d'appel et être, à cette date, dûment concrétisé".
Pour se prémunir, les dirigeants bordelais, qui savent que leur projet n'est pas viable en National, ont sollicité et obtenu un rendez-vous avec le ministère des Sports dans la foulée de leur passage devant le CNOSF. Cette réunion est programmée vendredi après-midi avec le cabinet de la ministre Amélie Oudéa-Castéra, a-t-on appris auprès du ministère.
"On n'a pas demandé à qui que ce soit un traitement de faveur", a assuré Gerard Lopez, mais que le dossier soit traité de façon juste. Notre seule demande, c'est que justice soit faite."
Historiquement, Nice (2002) et Lens (2014) avaient obtenu un jugement favorable après passage devant les conciliateurs du CNOSF, validé ensuite par le Comex. En revanche, Strasbourg (2011) et Le Mans (2013) avaient eux aussi réussi à convaincre le CNOSF mais pas la FFF qui avait confirmé leurs rétrogradations administratives.
Si les Girondins, qui ont entamé en parallèle un plan social d'envergure, n'obtiennent pas le feu vert du Comex pour repartir en L2, ils pourront s'appuyer sur ce jugement d'homologation s'ils décident de déposer un référé auprès du Tribunal administratif.
C.Rastoder--LiLuX