Tour de France: Gaudu, la performance à infusion lente
En terminant, sauf incident dimanche, quatrième du classement général, David Gaudu obtient le meilleur résultat pour un Français depuis 2017 dans le Tour de France, le fruit d'une progression régulière qui lui laisse entrevoir, à 25 ans, des lendemains qui chantent.
"Si on m'avait dit que je serais quatrième du Tour de France, j'aurais signé direct", souligne le coureur de Groupama-FDJ, devancé seulement par les deux intouchables, Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar, et le "best of the rest", le vétéran britannique Geraint Thomas.
"Il faut être réaliste : les trois devant, ils étaient juste plus forts à la pédale", insiste le grimpeur finistérien, qui assure le meilleur résultat tricolore depuis Romain Bardet il y a cinq ans.
Vainqueur du Tour de l'Avenir en 2016, Gaudu a pris un peu de retard sur les coureurs qui lui ont succédé au palmarès de cette épreuve pour les moins de 23 ans : ultra-précoces, Egan Bernal et Tadej Pogacar gagnent ensuite rapidement le Tour de France, alors qu'il doit se contenter de deux victoires d'étapes dans la Vuelta en 2020 et une troisième place dans Liège-Bastogne-Liège.
"Dès que je suis passé pro, on a aussi misé sur le fait de progresser tous les ans, palier par palier", a-t-il expliqué sur le plateau de France Télévisions.
- "Il sait bien gérer" -
D'abord au service de Thibaut Pinot, il vit une première expérience de leader dans la Grande Boucle en 2021, qu'il termine à la onzième place. Cette année, même si Pinot est de retour dans le Tour, il part une nouvelle fois avec le dossard numéro un, investi par Marc Madiot avec l'objectif de monter sur le podium.
Une sacrée pression, qu'il gère à merveille, notamment dans les étapes de montagne où il ne panique jamais quand les deux cadors font le show devant, montant à son rythme - élevé - pour terminer très fort à l'approche des sommets.
"J'étais dans un style complètement différent de ce que je fais d'habitude dans les étapes de montagne. J'étais dans la gestion, (montant) tous les cols au tempo, sans jamais me mettre dans le rouge."
"Il sait bien gérer, il ne va pas dans les zones où il ne faut pas, pour ne pas exploser", applaudit Marc Madiot.
Pour y arriver, Gaudu a pu compter sur une équipe performante et surtout un formidable Valentin Madouas, révélation de ce Tour, "un 4x4" selon Marc Madiot, qui l'a tracté sur tous les terrains et devrait finir onzième au général.
- Marge de progression -
"Je ne l'avais jamais vu à ce niveau-là, c'est juste impressionnant. Il me dit bravo, mais moi je lui dis merci", insiste Gaudu au sujet de son copain d'enfance.
L'homme à lunettes a aussi reçu le soutien de "deux capitaines de route, Thibaut (Pinot, 32 ans) en montagne et Stefan (Küng, 28 ans) sur le plat", dont il s'est servi de l'expérience, lui qui ne dit pas être un leader "qui tape trop du poing sur la table."
Manque une grande victoire sur le Tour, qu'il n'a pas pu viser cette année, concentré à 100% sur le classement général. "Marc (Madiot) nous a annoncé qu'il voulait revoir quelqu'un jouer le haut du classement général, c'est lui le patron, donc c'est forcément plus dur d'aller chercher une étape."
Sa quatrième place au général lui permet d'envisager la suite avec appétit, que ce soit dans les courses d'un jour - il rêve de remporter Liège-Bastogne-Liège - ou dans les grands tours.
Lui-même juge sa marge de progression "énorme", notamment dans l'exercice du contre-la-montre - il a fini 26e samedi à 3 min 10 sec du vainqueur - pour aller titiller les tout meilleurs.
"Je pense qu'il s'est épaté lui-même et je pense qu'il va revoir ses objectifs à la hausse pour le futur", estime Madouas qui en est persuadé : "On va avoir un grand David Gaudu dans les prochaines éditions du Tour."
P.Braun--LiLuX