Mondiaux d'athlétisme: dynamiques contraires pour les relais américains
Victoire surprise face aux reines jamaïcaines du sprint pour les unes, coup d'arrêt pour les autres : les relais 4x100 m américains ont vécu des dynamiques inversées aux Championnats du monde d'athlétisme à Eugene (Oregon) samedi.
Muettes sur les épreuves individuelles de sprint, les Américaines ont réussi l'exploit de détrôner les Jamaïcaines championnes olympiques et du monde en titre, impériales depuis le début de la compétition, pour quatre centièmes.
A l'inverse, les relayeurs américains, dans l'ordre Christian Coleman, Noah Lyles, Elijah Hall et Marvin Bracy, ont eux vu le Canada d'Andre de Grasse - dernièrement touché par le Covid-19 - surgir et les priver d'or et d'un 100% sur les courses de sprint court.
Auteures d'un triplé sur 100 m - comme aux Jeux olympique de Tokyo il y a un an mais dans un ordre différent - et d'un doublé sur 200 m, les fusées caribéennes s'imposaient comme les favorites du 4x100 m féminin.
Mais le quatuor jamaïcain constitué de Kemba Nelson, Elaine Thompson-Herah, Shelly-Ann Fraser-Pryce, reine du 100 m à Eugene, et Shericka Jackson, elle sacrée sur 200 m, a payé certains passages de témoin approximatifs. Et c'est le relais US composé de Melissa Jefferson, Abby Steiner, Jenna Prandini et Twanisha Terry qui s'est imposé de justesse (41.14 contre 41.18) dans une ambiance électrique.
- "Montrer au monde" -
"On ne nous attendait pas aujourd'hui (samedi). Je suis fière qu'on ait réussi. Avec mes coéquipières, nous avons une grande confiance en nous et je savais qu'on allait montrer au monde ce dont on est capables", affirme Jefferson.
"C'est la course la plus fun de ma vie, enchaîne Steiner. Vous entendez ma voix ? Je n'ai jamais crié aussi fort pendant une course. La magie d'Hayward (le stade de Eugene, ndlr), ce n'est pas une légende."
Sur 100 m et 200 m, les sprinteuses américaines avaient terminé au mieux en cinquième position au cours de ces premiers Mondiaux d'athlétisme sur le sol américain de l'histoire.
Sur le sprint court individuel, les Américains avaient fait mieux encore que les Jamaïcaines, avec deux triplés sur 100 m et 200 m. Dans l'ordre, Fred Kerley-Marvin Bracy-Trayvon Bromell dans la course reine, et Noah Lyles-Kenny Bednarek-Erriyon Knighton sur le demi-tour de piste.
Si bien que l'or du 4x100 m masculin semblait leur tendre les bras.
Jusqu'aux 300 mètres, les Etats-Unis étaient effectivement en tête. Mais un dernier passage de témoin laborieux entre Hall et Bracy, et une solide dernière ligne droite de De Grasse, a contrarié les plans américains.
Pour sept centièmes (37.55 contre 37.48), Lyles et ses compères ont abandonné l'or aux Canadiens.
- "Gâcher la fête" -
"Bien sûr on voulait l'or. On a vraiment une bonne équipe mais on n'a pas montré notre meilleur visage. Mais on a gagné l'argent et j'en suis heureux", apprécie néanmoins le tout frais champion du monde du 200 m.
"On l'a fait avec les gars avec lesquels j'ai grandi dans le sport. Il n'y a pas de mots", s'émeut Brendon Rodney, troisième relayeur après Aaron Brown et Jerome Blake, et avant De Grasse.
"On a parlé tellement de fois de ce moment, tellement attendu la médaille d'or. C'est bon d'y être arrivé, se réjouit De Grasse. On espère faire encore mieux à l'avenir."
"Ca fait plaisir de leur gâcher la fête", sourit le champion olympique en titre du demi-tour de piste.
Le bronze est revenu à l'Allemagne (42.03) sur côté femmes et à la Grande-Bretagne côté hommes (37.83).
Avec l'argent en relais, Fraser-Pryce inscrit son nom encore un peu plus haut au panthéon de l'athlétisme : avec désormais 14 médailles mondiales (dont dix en or), elle rejoint deux de ses illustres compatriotes, Usain Bolt et Merlene Ottey.
Seule l'icône américaine Allyson Felix au bord de la retraite devance le trio caribéen avec 19 récompenses mondiales. Et sans doute vingt d'ici 24 heures, après la finale du 4x400 m féminin.
X.Welter--LiLuX