Mondiaux d'athlétisme: les Bleus attendent Mayer le sauveur
Toujours sans médaille à la veille de la fin des Mondiaux de Eugene (Oregon), l'équipe de France place de nouveau de grands espoirs dans son recordman du monde Kevin Mayer, entre deux eaux après la première journée de son décathlon.
A la lecture du classement du décathlon à mi-parcours, Kevin Mayer adopte une position défavorable, 6e avec 4.372 points, à 234 points du leader porto-ricain Ayden Owens-Delerme.
Mais le tableau de la mi-temps n'est parfois qu'un leurre sur les épreuves combinées: Mayer réussit traditionnellement une excellente seconde journée, là où la plupart de ses adversaires patinent avec cinq épreuves piégeuses.
Et, surtout, le champion olympique canadien Damian Warner a dû abandonner après s'être blessé lors du 400 m, libérant une place sur le podium.
"Mon plus gros adversaire c'était Damian, un bon ami, je n'ai pas aimé voir ça. Ca m'ouvre un boulevard que je n'avais pas à la base pour être champion du monde, vu ma deuxième journée. J'ai une certaine confiance vis à vis du titre mais les jeunes vont peut-être me surprendre", a indiqué le champion du monde 2017.
Warner, qui avait devancé le Français aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, semblait en effet s'être déjà envolé vers le titre, pendant que le Français alternait le bon (10 sec 62 au 100 m, 2,05 m à la hauteur), le moyen (7,54 m à la longueur, 49 sec 40 sur 400 m) et le raté (14,98 m au poids).
- "Dans la brume" -
Sans approcher pour l'instant de ses meilleures performances, Mayer possède toutefois une marge pour envisager le podium, lui qui détient le record du monde depuis 2018 (9.126 points). Et il est en avance de 32 points sur son tableau de marche de Tokyo, qui l'avait mené à l'argent olympique.
"Ma journée a été pleine de rebondissements. Je suis dans la brume, comme depuis que je suis arrivé au village ici. Je prends moins de plaisir que d'habitude, j'ai l'impression de juste +faire le job+. Je ne sais pas, j'ai peut-être une indigestion, le soir je dors mal, je pensais au départ que c'était la pression", s'est plaint le Français de 30 ans, qui avait abandonné lors des derniers Mondiaux à Doha en 2019.
"Physiquement je me sens bien, j'avais peur de la hauteur, où j'ai fait un bon concours, sans douleur. En deux mois de préparation je ne peux pas avoir toutes mes armes habituelles", a-t-il ajouté, après avoir été handicapé plusieurs semaines par une blessure à un tendon au printemps.
Après avoir été le seul médaillé français en athlétisme aux JO japonais, le Montpelliérain au physique de super-héros, taillé par ses dix épreuves maîtrisées depuis des années, pourrait de nouveau avoir à enfiler le costume de sauveur de l'équipe de France, qui a perdu plusieurs occasions samedi.
- "Une médaille aurait fait du bien" -
Bons deuxièmes des séries du relais 4x100 m, les sprinteurs ont raté leur finale dès le premier passage de relais entre Mickael-Meba Zeze et le jeune Pablo Mateo (21 ans), hors zone. De quoi se faire disqualifier alors qu'ils avaient de toute façon terminés 8e et derniers, ralentis par leur faute, loin des vainqueurs canadiens.
"On s'attendait à beaucoup mieux que ça, mais il faut se remobiliser, on a une bonne équipe et il y a de nombreuses échéances qui arrivent (notamment l'Euro de Munich en août). Une médaille aurait fait du bien à l'équipe de France, mais c'est ainsi", a expliqué l'expérimenté Jimmy Vicaut, présent en 2019 lorsque les Bleus avaient déjà manqué leur premier passage en finale aux Mondiaux de Doha.
Finaliste olympique en 2021, le demi-fondeur Gabriel Tual n'a pas réussi à peser sur la grande explication du 800 m, terminant 6e d'une course ouverte, alors que Jean-Marc Pontvianne a pris la 8e place au triple saut.
Dimanche, place donc à Mayer pour réhausser le bilan. Ou alors à l'inusable Renaud Lavillenie, qui rêve toujours de podium au saut à la perche, où le titre semble promis au Suédois Armand Duplantis.
Les deux relais 4x400 m bleus, qualifiés en finale, devront se surpasser pour espérer jouer les premiers rôles.
A.Meyers--LiLuX