Tour de France Femmes: finalement Vos
Marianne Vos rajaunie. A 35 ans, la légende Oranje s'est parée lundi à Provins de la seule couleur manquant à sa collection: le jaune du maillot du Tour de France Femmes dont elle ne rêvait pas enfant, faute de Grande boucle féminine.
Anomalie rétablie. Après trois tuniques arc-en-ciel et trop de "maglia rosa" pour les compter, la Néerlandaise Marianne Vos a endossé l'étoffe dorée à l'issue de la deuxième étape en réglant un petit groupe au sprint.
"Ce n'est pas une revanche, c'est une journée absolument merveilleuse", a savouré la leader de Jumbo-Visma après sa deuxième place la veille aux Champs-Elysées.
A 35 ans, la triple championne du monde (2006, 2012 et 2013) et triple lauréate du Giro (2011, 2012 et 2014) a allongé encore son palmarès en s'isolant en tête avec l'Italienne Elisa Longo Borghini et la Polonaise Katarzyna Niewiadoma, grandes gagnantes de la journée. Au contraire de Marta Cavalli, contrainte à l'abandon après une très violente chute.
L'Italienne, coleader de l'équipe française FDJ-Suez, maudite lundi, a été percutée à pleine vitesse par la championne d'Australie Nicole Frain, arrivée sans freiner dans un ralentissement causé par une chute.
Un coup du sort pour l'équipe FDJ-Suez qui perd la dauphine dans le Giro de l'immense favorite du Tour, Annemiek van Vleuten.
"C'est sûr que les objectifs vont changer, a lâché le manager de l'équipe Stephen Delcourt. Ca fait partie du sport."
- La poisse de FDJ-Suez -
D'autant que la Danoise Cecilie Uttrup Ludwig, l'autre carte de la formation française, prise dans une autre chute, a concédé plus d'une minute et demie sur Vos, Longo Borghini et Niewiadoma. Mais seulement une sur van Vleuten, piégée par le mouvement de course décisif lors du premier passage sur la ligne en haut d'une côte à 20 km de l'arrivée à Provins.
La maillot jaune au départ de Meaux, 136 km plus tôt, Lorena Wiebes, a réglé avec 29 secondes de retard le sprint d'un peloton nerveux et cabossé par les chutes dans les vastes plaines de la Brie.
Pour Vos, qui a tout remporté ou presque à vélo, entre son titre olympique sur piste (course aux points, 2008) sur route (2012) et ses 32 étapes du Giro, ce maillot jaune a un goût d'accomplissement. C'est elle qui s'était imposée sur les Champs-Elysées en 2014 pour la première édition de la Course by Le Tour, épreuve féminine lancée par ASO.
Une création qui doit à l'activisme de la Néerlandaise: "Il y a neuf ans, quand nous avons discuté avec ASO de la création d'une épreuve, tout est allé très vite pour lancer la Course. Lorsque nous avons roulé pour la première fois sur les Champs-Élysées (en 2014 pour la première édition, ndlr), ce jour a fait date."
"Maintenant, être ici, dans une course à étapes, le vrai Tour de France, c'est un autre moment à marquer d'une pierre blanche", a ajouté celle qui, enfant, assistait à la Grande boucle masculine avec ses parents en France.
"Nous allions à l'Alpe d'Huez, aux arrivées au sprint, à Pau, racontait-elle encore au départ à Meaux lundi. C'était comme ça que nous passions nos vacances d'été, au fil de la course, en camping car."
Sans rêver du maillot jaune alors. "Ce n'était pas un rêve car il n'y avait pas de Tour de France pour les femmes, a-t-elle livré en conférence de presse. "Maintenant qu'il existe, c'est quelque chose d'immense. Ce sera très spécial de le porter en course." Dès mardi entre Reims et Epernay (133,6 km) où le final pétillant de la troisième étape semé de côtes correspond à ses qualités de puncheuse.
U.Kremev--LiLuX