Tennis: le retour flamboyant de Caroline Garcia
Une renaissance: Caroline Garcia, après quatre ans d'errements et de doutes, a retrouvé la voie et la foi en son jeu cet été, son exploit à Cincinnati dimanche, lui donnant des raisons d'espérer un plus grand accomplissement encore à l'US Open dans une semaine.
La performance réussie par la Française de 28 ans dans l'Ohio est à marquer dans l'histoire du tennis, puisqu'elle est la première joueuse à s'adjuger un WTA 1000, en étant issue des qualifications. Seule la Britannique Emma Raducanu a fait mieux l'an passé, en faisant le même type de parcours étourdissant, pour s'imposer à Flushing Meadows, un tournoi du Grand Chelem.
Huit matches et autant de victoires en neuf jours à "Cincy", qui font 27 au total depuis le mois de juin. Personne ne peut en dire autant, actuellement, sur le circuit.
Car Garcia, qui pointait au 79e rang en mai et sera 17e ce lundi, a en chemin raflé la mise sur le gazon de Bad Homburg et sur la terre battue de Varsovie, où elle s'est offert au passage le scalp de la N.1 mondiale polonaise Iga Swiatek.
Cette spectaculaire progression résulte d'une révolution de velours, à la fois sur le plan du jeu, du physique et du mental, opérée cette année par la Française, qui a semblé en perdition ces dernières années, plombée par des blessures (dos, pied) et une confiance en berne.
- "Tout est plus clair" -
"Tout est plus clair dans ma tête", a-t-elle confié, après son triomphe aux dépens de la Tchèque Petra Kvitova, qui l'a décrite comme la "Girl on Fire" (fille en feu), en référence au tube d'Alicia Keys.
"Je me sens beaucoup mieux physiquement, en meilleure santé. C'est déjà un grand pas. Nous avons clairement défini la façon dont je dois jouer, la direction que je dois prendre. Quand j'entre sur le court, je sais quel style de jeu je dois pratiquer", a-t-elle expliqué.
Garcia a employé le "nous" a escient. Car son retour à son meilleur niveau s'effectue depuis fin 2021 sous l'égide d'un nouvel entraîneur Bertrand Perret, qui a succédé à son père Louis-Paul.
Et l'ancien coach de Ons Jabeur lui a fait comprendre que son style de jeu, agressif, tranchant, fait de prises de risques en prenant la balle très tôt, était en fait... le bon.
C'est ce jeu qui l'avait fait se hisser à la 4e place mondiale en 2018, un an après deux premiers sacres en WTA 1000, à Wuhan et Pékin.
"French technique", plaisantait-elle à moitié, samedi, après sa victoire en demi-finale contre l'Américaine Jessica Pegula, en réponse à un journaliste lui demandant "d'où ça" lui "venait de jouer comme ça".
- L'as des aces -
"C'est comme ça que j'ai appris à jouer en fait. J'ai eu des doutes, parce que ça ne marchait pas toujours. Or il faut aussi essayer d'oublier ce que les gens disent, mais ça arrive toujours à vos oreilles d'une manière ou d'une autre, et parfois de la part de personnes connues... Donc ça vous affecte. La route n'a pas été droite", a-t-elle convenu.
"Mais en jouant ce style de jeu, en gagnant des matches, ce titre ici... Si j'avais encore des doutes, cela me prouve plus que tout que c'est la bonne voie à suivre", a aussitôt complété celle qui s'est évertuée à élargir sa palette, en améliorant sa volée et surtout sa première balle de service.
Preuve s'il en est, elle a claqué 286 aces depuis le début de l'année, faisant d'elle la leader du classement dans cet exercice.
Un atout supplémentaire, qui fait de Garcia une joueuse plus offensive que jamais, prête à répondre aux attentes à l'US Open, où le bouillant public new-yorkais, si friand du showman Gaël Monfils, qui sera absent pour blessure, pourrait se passionner pour "Sweet Caroline".
Avec la possibilité d'entendre le fameux tube du chanteur new-yorkais Neil Diamond, devenu un hymne de stade, repris en choeur du côté de Flushing Meadows dans une semaine.
D.Marques--LiLuX