Tour d'Espagne: Pedersen vert de plaisir, Roglic rouge de désespoir
Primoz Roglic piégé par son audace, au point de devoir abandonner ? Alors que Mads Pedersen (Trek) a remporté mardi au sprint la 16e étape du Tour d'Espagne, le final a été marqué par la violente chute du dauphin de Remco Evenepoel au général.
Au terme d'une journée très calme qui s'est emballée dans les derniers kilomètres avec l'accélération de "Rogla" aux abords de Séville, Pedersen a devancé Pascal Ackermann (UAE) et Danny van Poppel (Bora) sur la ligne.
"J'avais promis à mon équipe de gagner aujourd'hui. Je ne m'attendais pas à l'attaque de Roglic. Il a fallu que j'use de toute mon énergie pour revenir", a déclaré le Danois après l'étape.
Le maillot vert a remporté sa deuxième étape sur l'édition 2022 et consolide encore un peu plus son maillot, avec désormais 220 points d'avance sur son dauphin Fred Wright à cinq jours de l'arrivée à Madrid.
Et à travers lui, le cyclisme danois continue de briller cette saison. Après le départ depuis Copenhague du Tour de France en juillet remporté par son compatriote Jonas Vingegaard (Jumbo), le champion du monde 2019 pourrait devenir le premier coureur danois à remporter un maillot distinctif dans la Vuelta.
Mais à l'arrivée, les regards étaient braqués sur Roglic, qui a peut-être dit adieu à ses rêves de quatrième sacre d'affilée à Madrid en voulant dynamiter une fin d'étape rocambolesque à Tomares.
- Cuisse et coude en sang -
Le Slovène a parasité le sprint massif à la fin de l'étape, en portant une attaque à trois kilomètres de l'arrivée dans la seule bosse du tracé andalou qui a déboussolé tout le peloton et le maillot rouge Remco Evenepoel (Quick-Step).
Seul Pedersen, Pascal Ackermann, Danny van Poppel et Fred Wright (Bahrain) sont parvenus à suivre le leader de la Jumbo pour régler un sprint en petit comité.
Pas suffisamment fort pour jouer la victoire face aux quatre spécialistes du sprint, le Slovène a alors violemment chuté dans les cent derniers mètres, en percutant la roue arrière d'un concurrent.
"Je n'ai pas entendu (la chute). J'ai voulu lui parler, mais j'ai vu qu'il était bien touché et que ses vêtements étaient en lambeaux. C'est très triste qu'il soit tombé. Il n'a pas eu de chance cette année. J'espère qu'il pourra continuer à se battre pour la victoire dans la Vuelta", a commenté Pedersen.
Le triple tenant du titre s'est relevé avec la cuisse droite et le coude droit en sang.
Roglic est "clairement blessé", a indiqué l'équipe Jumbo dans un premier communiqué sans plus de détails, avant de laisser entendre, dans un second communiqué dans la soirée, que la Slovéne pourrait jeter l'éponge.
- Décision mercredi matin -
"Tous les examens ont été réalisés ce mardi. Demain matin, l'équipe décidera après consultation de son médecin si Primoz continuera à se battre dans la Vuelta", a prévenu la formation néerlandaise.
Avec son coup de poker qui pourrait lui coûter cher, le Slovène n'a repris que huit petites secondes au général à Evenepoel.
Dans le même temps, "le petit cannibale" a crevé à 2,5 kilomètres de l'arrivée.
Or, une règle stipule que lorsqu'un coureur est victime d'une chute ou d'un problème technique à moins de trois kilomètres de l'arrivée, son temps est calqué sur celui du peloton dans lequel il figurait avant l'incident.
"Je suis content que la règle des 3 km existe. Je n'étais pas dans la meilleure position en fin d'étape lors de l'attaque de Roglic. J'ai bougé pour me replacer et j'avais la roue à plat. Je suis plutôt heureux de ne pas perdre trop de temps", a déclaré Evenepoel, soulagé après la course.
Au classement général, le Belge de 22 ans conserve ainsi 1 m 26 sec d'avance sur Roglic et 2 min 01 sec d'avantage sur Enric Mas (Movistar).
Mercredi, le peloton s'attaque à une étape piègeuse entre Aracena et le Monastère de Tentudia dont le parcours accidenté pourrait être favorable aux échappées et aux puncheurs. Avec ou sans Roglic ?
J.K.Gengler--LiLuX