Mondial de volley: Giani et les Bleus, premier rendez-vous manqué
Arrivée au Mondial de volley en confiance après un été quasi parfait, l'équipe de France, en deçà de son niveau collectivement et individuellement, a échoué à confirmer les promesses entrevues et son titre olympique pour sa première grande compétition avec Andrea Giani à sa tête.
Les Bleus, éliminés par l'Italie mercredi en quarts de finale à Ljubljana (3-2), ont seulement passé un petit tour de plus qu'à l'Euro en septembre dernier, où ils avaient pris la porte dès les 8e de finale, sèchement battus par la République tchèque (3-0) sous les ordres de Bernardinho.
Selon Benjamin Toniutti, l'échec du Mondial, avec Giani sur le banc à la suite de la démission surprise du Brésilien en mars pour raisons personnelles, "n'est pas comparable" à celui de l'Euro, un mois tout juste après l'or de Tokyo.
"(À l'Euro) on n'y était pas. Là on était présent dans l'agressivité, la concentration. Même si on n'a pas joué parfaitement", développe le capitaine.
Le parfait, Toniutti et ses partenaires l'avaient tutoyé cet été pour les premiers pas de Giani, lors de la Ligue des nations remportée en juillet puis en préparation face au Brésil, balayé (3-0 le 20 août).
"On espérait jouer comme au +Final 8 de la VNL+ (Ligue des nations, NDLR). Mais on était quasiment dans la perfection, donc on s'était préparé mentalement à peut-être jouer un peu moins bien (et batailler). C'est ce qu'on a fait sur tous les matches", souligne Toniutti.
Giani abonde dans le même sens: "D'une manière générale, nous avons fait un bon tournoi. Pas parfait mais à chaque fois nous avons réussi à revenir dans les matches. C'était un des objectifs que j'avais", de gagner sans forcément bien jouer.
- Pancarte de favori -
Hormis contre le modeste Cameroun (3-0), les Bleus ont en effet toujours été sur le fil du rasoir. Il a cassé contre l'Italie, surmotivée, comme tous les autres adversaires, à l'idée de s'offrir le scalp des vainqueurs des JO.
"En étant champions olympiques, toutes les équipes ont envie de nous battre, rentrent le couteau entre les dents. On l'a vu sur tous les matches, à part le Cameroun. Comme nous il y a dix ans quand on voulait battre le Brésil champion olympique", estime Toniutti.
"Ça va continuer, il faudra être prêt à ça" ajoute-t-il.
Les Français ont également évolué en deçà de leur niveau affiché à Tokyo et cet été.
"On fait beaucoup de fautes en attaque sur ce match (Italie) et dans le tournoi" note Toniutti.
Face aux Italiens, ils ont ainsi commis 49 erreurs, soit 10 de plus que l'adversaire. Et, confrontés à un "block" (contre) très performant, ils ont passé la barre des 50% de réussite en attaque lors du seul troisième set (52%).
Ils ont également connu un déchet important sur leur mise en jeu (29 faute), chantier identifié par Giani qui souhaite les voir prendre davantage de risques.
"Il faut garder cette agressivité qui nous a permis de renverser des matches. Trouver un équilibre, mais (le service) doit quand même être une de nos forces", répond Toniutti.
- Individualités -
Individuellement, les Français ont également marqué le pas. À l'image du passeur Antoine Brizard et d'Earvin Ngapeth, le baromètre de l'équipe, aux fulgurances en attaque plus rares (seulement 32% de réussite face aux Italiens).
En pointe, Giani a alterné en 8e et quarts entre Stephen Boyer et Jean Patry, sans qu'aucun des deux ne trouve la bonne carburation sur la durée. Quand les Japonais (31 pts pour Yuji Nishida) et les Italiens (22 pts de Yuri Romano) ont pu compter sur des artilleurs en forme à ce poste crucial.
Le réceptionneur-attaquant Trévor Clévenot n'a lui jamais été dans le bon rythme, remplacé dès le deuxième match face aux Slovènes par Kévin Tillie.
Mais le fils de l'ancien sélectionneur Laurent Tillie s'est blessé au pied droit face aux Japonais et son absence face aux Italiens a sans doute pesé lourd.
"Il va falloir se poser et voir où ça n'a pas marché", résume le libéro Jenia Grebennikov. Rendez-vous en mai 2023, pour préparer la Ligue des nations puis l'Euro, avant le grand-rendez vous de Paris en 2024.
R.Martins--LiLuX